Notre droit à la santé se réduit de plus en plus suite aux réformes libérales qui cassent notre système de santé. Depuis des décennies, les gouvernements successifs n’ont de cesse de chercher à faire des économies sur le dos de notre système de santé ce qui est une aberration. Ils se sont sans cesse pliés aux directives libérales européennes et ne se sont jamais opposés aux différents traités européens.
Par Camille Lainé
Il y aurait plutôt urgence à augmenter les budgets ! L’hôpital public est de plus en plus en difficultés, les maternités ferment, la psychiatrie est de plus en plus délaissée et les soignant·es craquent avec des conditions de travail de plus en plus inhumaines. En 2018, selon une étude de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES, 2019), près de 4 200 lits d'hospitalisation complète ont été fermés dans les établissements de santé français. Sur la période 2013-2018, pas moins de 60 hôpitaux publics ont mis la clé sous la porte, et près de 20 000 lits ont été fermés. En 2019, le nombre d’établissements publics a baissé de 3,7%.
Manifestement, ce n’est pas le nouveau gouvernement Attal qui changera de cap, lors de sa déclaration de politique générale, Gabriel Attal n’a pas abordé le budget de l’hôpital. En revanche il a bien culpabilisé les Français en expliquant que nous étions « surconsommateurs de soins » ! Discours déjà entendu dans la bouche d’Emmanuel Macron qui parlait de « responsabiliser les assurés sociaux ». Ce n’est pas anodin, il n’est pas question ici de réduire les dépenses de santé de l’Assurance maladie mais bien de réduire les remboursements ! En gros, diminuer la solidarité mais augmenter la part livrée au privé ! Casser notre système de santé et sa solidarité est le but ultime du patronat et des libéraux depuis sa création.
Les inégalités de soins se renforcent
Depuis 1980, s’opère un déplacement du soin, de la sphère publique vers la sphère privée. C’est d’ailleurs l’époque où se créent les premiers grands groupes privés lucratifs de maisons de retraite et de cliniques privées: Générale de Santé, ORPEA…
Par ailleurs, les inégalités d’accès au soin se renforcent sur notre territoire. Nous faisons face à de plus en plus de déserts médicaux. Notre département est d’ailleurs rudement touché. Le manque de médecins, qu’ils soient généralistes ou spécialistes, est catastrophique.
Les libéraux présentent les maisons de santé comme une solution à ce problème, mais vous pourrez voir en lisant ce numéro que ce n’est qu’un pansement sur une jambe de bois. Les petites maternités ferment et/ou sont menacées si elles réalisent moins de 1000 accouchements par an, mais, si elles ferment, que feront les femmes du territoire concerné ? Les urgences sont saturées, à Troyes un patient qui se présente aux urgences attend en moyenne 2h30 de plus que dans les autres urgences de la région. Les soignants n’ont de cesse d’alerter sur les difficultés et le manque d’effectifs et de moyens. L’été dernier les urgences ont carrément été fermées pendant plusieurs week-ends et les patients réorientés vers le 15.
La Sécurité sociale menacée
Le privé prend de plus en plus de place, ce qui est problématique comme on peut le voir à Romilly où la clinique Pays de Seine est menacée, de plus les patients sont confrontés à des dépassements honoraires qui n’ont de cesse d’augmenter et sont nombreux à renoncer à se soigner faute de moyens. La psychiatrie, parent pauvre de la santé, est de plus en plus mise à mal avec de moins en moins de moyens : dans l’Aube un établissement privé est en passe de voir le jour alors que l’EPSM crie ses difficultés depuis des années.
L’année prochaine notre bien commun la Sécurité sociale, créée par Ambroise Croizat aura 80 ans. Elle est menacée ! Il est donc urgent de lutter pour une Sécurité sociale du XXIème siècle, une protection sociale non soumise à la loi de l'argent : « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins » est d'actualité, pour garantir la perte d'autonomie, des retraites à prestations définies et une politique familiale universelle.
La santé, c'est une globalité, prévention et soins, pris en charge à 100%, avec au coeur de l'organisation le service public, à l'hôpital et en ville, seul capable de mettre l'Humain d'abord.
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