Fret SNCF
Le groupe de la Gauche Démocratique et Républicaine a décidé de créer une commission d’enquête sur le démantèlement de la filiale ferroviaire par l’exécutif. Hubert Wulfranc, député communiste, en sera le rapporteur.
S’il était un joueur de poker, le gouvernement finirait assurément déplumé. Et ce bien avant la fin de la partie. Même lorsqu’il a une bonne main, il se couche lamentablement. Ici, son adversaire se nomme Bruxelles, depuis l’ouverture, en janvier, d’une enquête de l’autorité de la concurrence européenne sur l’annulation d’une partie de la dette (5,3 milliards d’euros) de Fret SNCF au moment du saucissonnage de l’entreprise publique.
Plutôt que se battre, le ministre des Transports livre cette filiale stratégique au privé.
Via des aides publiques, la France est accusée de biaiser le principe de concurrence libre et non faussée imposé par l’Union européenne. Anticipant la conclusion de ladite enquête toujours inconnue à ce jour, l’exécutif, par la voix de son ministre des Transports Clément Beaune, a choisi, plutôt que de se battre, de livrer cette filiale stratégique en pâture au privé.
Depuis le 24 mai et l’annonce gouvernementale, la colère ne retombe pas chez les syndicats, les usagers et de nombreux acteurs du monde économique. « Le gouvernement et la direction de la SNCF marchent main dans la main pour dynamiter l’outil public de transport de marchandises par le fer. C’est scandaleux ! C’est irrationnel ! C’est inacceptable ! » avait alors réagi la CGT cheminots.
Le groupe GDR, où siègent les communistes, a décidé de s’en faire le porte-voix au Palais Bourbon. Il a usé de son droit de tirage pour créer une commission d’enquête parlementaire, composée de trente membres, et ainsi « démontrer que cet outil est indispensable pour atteindre les objectifs du pays pour le redéploiement du fret », explique le député PCF Hubert Wulfranc. Ce dernier en sera le rapporteur.
« C’est 400 à 500 salariés à la charrette »
« C’est ni plus ni moins le point final donné à l’entre prise de privatisation commencée il y a vingt ans, la liquidation de Fret SNCF ! s’énerve l’élu communiste. Ce sont deux filiales de droit commun créées en lieu et place ; c’est le transfert de 30 % de ses activités à la concurrence ; c’est 400 à 500 salariés à la charrette. »
Et son collègue Sébastien Jumel de compléter : « Au moment où on prétend replacer le plan climat au centre et qu’on parle d’industrie verte, c’est une décision incompréhensible. L’absence de stratégie gouvernementale paraît contredire le baratin sur l’économie verte. » « Il n’y aura aucune privatisation, aucun licenciement », a répondu Clément Beaune, lors des questions au gouvernement.
Pour cette « nouvelle bataille du rail », Hubert Wulfranc promet « d’aller chercher qui de droit, y compris à Bruxelles, où on met le pistolet sur la tempe de Fret SNCF ». Il a la possibilité de convoquer toute personne, qui sera entendue sous serment.
Sentant le mauvais coup venir, les députés Gauche Démocratique et Républicaine avaient déjà déposé une proposition de résolution à l’Assemblée nationale. Elle était cosignée par des membres des groupes insoumis, socialiste, écologiste et Liot. Et visait à inciter l’exécutif « à se rapprocher de ses partenaires européens afin d’oeuvrer à un assouplissement des lignes directrices de la Commission européenne sur les aides d’État aux entreprises ferroviaires ».
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