45% des dossiers de demande de crédit immobilier ( achat ou travaux ) ont été refusés par les banques parce que le taux d'usure est trop faible : le coût de l'assurance, les frais de dossier et le taux d'intérêt cumulés ne doivent pas dépasser depuis le 1er juillet 2,57% pour les prêts sur20 ans ou plus. Or la BCE a cessé de prêter à des taux négatifs et a relevé son taux directeur ; les banques n'ont donc plus le même profit. Le président de l'Afib - Association française des intermédiaires en bancassurance - a deux solutions : augmenter le taux d'usure pour résoudre ce problème, ou sortir le coût de l'assurance du calcul d'intérêt. Curieusement il n'envisage pas de baisser le coût de l'assurance...
Mais, autre curiosité, la moitié des refus de prêt immobilier à cause du taux d'usure concerne des 30-55ans, des actifs assez aisés. La banque cesse ainsi d'assurer son rôle social. Le 4 août 1993, une loi mettait un terme à la possibilité de financement de l'État par la Banque de France, privilège très utile qui permettait de financer les services publics : la voie d'un total désengagement social était ouverte. Les banques aujourd'hui délaissent en pleine période de crises des clients qui peuvent avoir un bon salaire mais n'ont pas assez de capital, au profit d'autres activités plus lucratives.
Marx, dans les Grundrisse, avait bien posé le problème du crédit, instrument de domination du capitalisme par excellence : « L'opposition entre le capitaliste et l'ouvrier, entre le grand et le petit capitaliste s'aggrave, puisque le crédit n'est accordé qu'à celui qui possède déjà, et qui est, pour le riche, une nouvelle occasion d'accumulation. [Celui] qui n'a point de crédit, [...] n'est pas seulement jugé comme pauvre, mais encore, moralement, comme quelqu'un qui ne mérite ni confiance ni estime et il est traité socialement comme un paria, comme quelqu'un de mauvais. Outre la privation, le pauvre subit une humiliation car il doit s'abaisser à mendier le crédit du riche. » Reste à savoir jusqu'où le capitalisme peut aller trop loin.
© 2025 - La Dépêche de l’Aube
Création : Agence MNKY