Amérique latine
Gustavo Petro et sa colistière Francia Marquez obtiennent 50,44 % des voix face au millionnaire Rodolfo Hernandez. Un séisme politique qui dépasse les frontières du pays.
Dimanche soir, des milliers de Colombiens ont déferlé dans les rues de Bogota afin de célébrer la victoire historique de la gauche à la présidentielle. Une première depuis l’indépendance, pour ce pays de 50 millions d’habitants parmi les plus inégalitaires au monde. Le séisme politique dépasse largement les frontières du pays, jusqu’alors caporalisé par les États-Unis et acteur des tentatives de déstabilisation des gauches du sous-continent, notamment de son plus proche voisin, le Venezuela.
L’ex-guérillero et sénateur, qui représente la coalition du Pacte historique, devance de peu (50,44 %) le millionnaire outrancier, main dans la main avec l’extrême droite, Rodolfo Hernandez (47,31 %), les 2,3 % restants étant des bulletins blancs.
Une campagne électorale sous vives tensions
Le président sortant, Iván Duque (Centre démocratique), qui a plongé la droite dans une déroute sans précédent, la privant de second tour, a lui aussi joué la carte de la démocratie, en appelant Gustavo Petro pour le féliciter. Pour mémoire, la campagne électorale s’est déroulée sous vives tensions : Gustavo Petro et sa colistière afrocolombienne, Francia Márquez ont fait face à des menaces de mort des groupes paramilitaires. La participation qui s’établit à 58 % est, quant à elle, la plus haute enregistrée depuis le début du millénaire.
Porté par le mouvement social de 2021, Gustavo Petro a pour lui la construction d’une dynamique sociale et l’agrégation d’un pan de la jeunesse qui, pour l’heure, tournait le dos aux urnes. Ils étaient nombreux à se joindre à la liesse, dimanche soir, dans les rues de la capitale.
L’écologiste Francia Marquez n’y est pas étrangère, la candidate à la vice-présidence est parvenue à lier ces questions à celles de justice sociale, climatique et d’égalité de genre.
Une victoire qui intéresse toute l’Amérique latine
L’ensemble du spectre de la gauche latino-américaine a mesuré le bouleversement que constituait la victoire du Pacte historique pour le sous-continent. Ainsi en va-t-il du président vénézuélien Nicolas Maduro : « Des temps nouveaux se profilent à l’horizon pour ce pays frère », a-t-il apprécié. Le président chilien Gabriel Boric a, quant à lui, mis l’accent sur les possibilités offertes en termes d’intégration régionale : « Nous travaillerons ensemble pour l’unité de notre continent face aux défis d’un monde qui change rapidement. En avant ! » Même tonalité du côté de l’Argentine, où le président Alberto Fernández, a insisté sur les « temps qui exigent la solidarité maximale entre les peuples frères ». Tous ont désormais les yeux tournés vers le Brésil, qui pourrait, à la faveur de la présidentielle de cet automne, lui aussi consacrer le retour de la gauche.
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