« On ne s’est pas acheté d’écran, Monsieur Blanquer. Avec notre allocation de rentrée, ça nous a fait un petit plus pour les enfants. Si le patron nous augmentait aussi, ça ferait un petit plus pour nous tous à la maison. Faudrait-il demander à Macron de nous fournir une liste de commissions à acheter et d’autres interdites ? On fêterait la chose, l’augmentation je veux dire. En 36, je me souviens, le grand père avait rapporté des oranges et un jeu de petits chevaux. Nous les gosses, ça nous a amusés tout l’hiver.
Pour la gamine en 6ème, ça nous a coûté 200 euros et pour le môme en primaire, je vous dis pas, les fournitures scolaires sont loin d’être gratuites comme dans nos vieilles municipalités pécé. À Troyes, le maire ferait bien d’y songer. La République c’est quand même d’arriver à l’égalité des chances, comme ils disent. Ils en causent beaucoup. Nous, on parle du coût.
Quand j’habitais aux Chartreux, je me souviens que l’adjoint à Galley affirmait qu’il y avait des familles qui faisaient plein de gosses pour pouvoir s’acheter la télé. Une assistante sociale un jour regretta qu’une famille nourrisse un chien au lieu des gosses. La femme lui avait répondu qu’elle ne donnait pas de Canigou à ses gosses. Dans le quartier, on n’oublie pas cette raillerie, ni la gueule de la dame aux bons conseils. »
Le mépris ne s’arrêtera donc pas. Blanquer vient de rallumer la fameuse lutte des classes et pour la droite, ça consiste simplement à penser qu’il y a des gens nés pour entreprendre et commander et d’autres qui ne font rien pour s’en sortir. Les penseurs de droite se battent pour savoir si c’est de la paresse ou de la stupidité. On insulte les pauvres comme du temps des seigneurs me dit Gilbert, ils ont tout, ils nous distribuent des miettes. Combien ça va durer ?
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