
Aube - Poulailler de Thieffrain
Le Tribunal administratif de Chalons vient de rejeter le recours porté par des associations : Aube durable, L 214 et les Auxiliaires du vivant. L’action en justice des différentes associations consistait à faire annuler l’Arrêté préfectoral qui permet la construction d’un poulailler de 90000 volailles dans le village de Thieffrain. La Dépêche de l’Aube revient sur la genèse de ce projet et du dépôt de recours.
Le début du projet
Beaucoup de riverains se sont mobilisés contre le projet, Aube durable s’est saisie du dossier pendant l’enquête publique et a mené beaucoup d’actions symboliques pour mobiliser contre. « La MRAE (mission régionale d’autorité environnementale) a été extrêmement critique concernant ce dossier en pointant la légèreté du dossier sur l’aspect environnemental », nous a expliqué Pascal Houplon président d’Aube durable.
À noter aussi que le Commissaire enquêteur a également donné un avis défavorable en 2022 pour la création de ce poulailler XXL. Il avait proposé dans son rapport qu’un premier poulailler de 45 000 volailles soit construit, ce qui aurait permis de voir si toutes les conditions étaient réunies et, ainsi, d'en construire éventuellement un deuxième. Ce qui aurait pu constituer une porte de sortie selon Pascal Houplon, d’autant que beaucoup de communes environnantes avaient également manifesté leur désaccord.
Mais la Préfecture a tout de même donné les autorisations. D’où la décision de porter un recours en justice.
Les arguments de l’action en justice
Les raisons de s’opposer et de porter un recours étaient nombreuses. L’association L214 s’est avant tout impliquée sur les questions de bien-être animal, qui sont évidemment une vraie question, tant il est prouvé que dans ce genre d’élevage intensif le « bien-être » n’est absolument pas une préoccupation. Les autres points mis en avant par les associations sont les émissions de gaz à effets de serre, le nitrate lié à l’épandage et enfin la consommation d’eau. « Les émissions de gaz à effets de serre étaient sous-estimées dans la présentation du projet, la consommation d’eau également. Mais déjà dans les projections qui étaient sous-estimées, la consommation d’eau du poulailler était égale à la moitié de la consommation de l’ensemble de la population du village de Thieffrain, ce qui est énorme ! » a déclaré Pascal Houplon.
Les associations porteuses du recours avaient donc bon espoir que celui-ci aboutisse étant donné les éléments que nous venons de lister. Et pourtant.
Recours rejetés et suites à donner
L’ensemble des arguments ont été balayés par le Tribunal administratif de Chalons, l’avis du Commissaire enquêteur et celui de la MRAE n’y sont même pas cités. Le Tribunal se contente seulement de pointer l'absence d'appuis scientifiques et l'absence de démonstration de leurs arguments.
Ce genre de réponse pose question étant donné que la majorité du milieu associatif ne dispose pas de moyens pour engager des expertises avec des scientifiques. D’après Pascal Houplon « Rien n’est encore décidé, mais un appel est tout de même envisagé, nous avons rarement des dossiers aussi mauvais ».
Si appel il y a, il y aura donc des précisons apportées au dossier et des points davantage détaillés. La question des nuisances au niveau des odeurs sera aussi mise en avant puisque d’après les riverains de poulaillers plus petits c’est une véritable problématique.
Pour finir, Pascal Houplon a pointé la contradiction que représente un projet pareil dans la période où la transition écologique est mise en avant, « le schéma de cohérence territoriale encourage au circuit court et à des pratiques respectueuses de l’environnement et en parallèles des projets comme celui-ci sont autorisés. Ce qui n’a aucune cohérence ».
© 2025 - La Dépêche de l’Aube
Création : Agence MNKY