
Ligne SNCF
Par Bruno Charrier
Les galères continuent sur la ligne 4 pour les usagers, nous avons déjà traité plusieurs fois le sujet notamment récemment autour des travaux d’électrification. Ces travaux sont nécessaires, mais malheureusement l’organisation autour est catastrophique pour les usagers.
Comme nous l’avons déjà dit dans notre dernier article sur le sujet les différents acteurs, la région et la SNCF mais aussi les élus locaux, se renvoient la balle alors qu’ils ont, au final, tous une responsabilité : la première étant d’avoir soutenu la mise en concurrence et l’entrée du privé ce qui entraîne les conséquences catastrophiques que nous connaissons.
Jeudi 14 août l’ensemble des trains de la matinée au départ de Nogent ont été retardés puis « annulés » les uns après les autres. La cause de ce blocage ? Un problème de passage à niveau. Problème récurrent sur cette ligne.
Une logique de commerce à l’opposé des valeurs du service public
Ce qui prouve que l’électrification, certes nécessaire, ne réglera pas tous les problèmes. En effet électrifier la ligne mais sans entretenir correctement les voies au quotidien ne pourra pas améliorer le trafic de manière pérenne. N’oublions pas non plus que désormais, suite à la loi LOM (loi d’orientation des mobilités) de 2019, l’entretien des voies et de la signalisation est encore davantage pris en charge par des prestataires privés et non par des cheminots. La différence est clairement visible : on sous-traite pour baisser les coûts au détriment du confort des usagers.
Notons aussi que le 13 août, mais c’est régulièrement le cas, l’ensemble des trains du matin ont été affichés comme « supprimés » et non pas en retard, c’est une déprogrammation qui sous-entend que le train n’a jamais existé. Ce qui permet à la SNCF de faire disparaître les dysfonctionnements : sur le plan commercial mieux vaut un train annulé qu’un train en retard. Une logique de commerce à l’opposé des valeurs du service public…
La CGT cheminots avait prévenu, dès 2018, avec la réforme du pacte ferroviaire : l’ouverture à la concurrence du rail est une grande arnaque. Six ans après, les promesses de baisse des tarifs et d’un meilleur maillage territorial ont vite été confrontées à la réalité.
L’ouverture à la concurrence du transport de voyageurs ne fait qu’accentuer les défaillances de l’offre de transport pour un coût supérieur pour les usagers. S’il est encore trop tôt pour mesurer complètement l’impact en France, la privatisation du rail britannique en 1995 pointe les effets pervers de la privatisation et de la mise en concurrence.
De plus, les restructurations en cours depuis plusieurs années pour préparer l’ouverture à la concurrence ont dégradé l’offre de transports, l’accès à la billetterie (suppression de nombreux guichets), les droits et conditions de travail des cheminots. Cela a également des conséquences sur la tarification qui devient ubuesque avec des tarifs à géométrie variable sans que personne ne s’y retrouve.
La réorganisation du travail à marche forcée engendre souffrances, conflits, mais aussi accidents de travail. Cette dégradation impacte l’offre et notamment la sécurité des voyageurs ! Les premiers pénalisés sont donc les usagers du service public.
Encore une fois, les discours prônés par les différents acteurs de l'État et les actes entrent en contradiction. À l’heure où tout le monde appelle, à juste titre, à mettre au centre des réflexions sur les transports la question écologique, force est de constater que la réalité est tout autre. L’État affaiblit nos services publics et nos transports publics, alors qu’il y a besoin au contraire de les accentuer !
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