
Oui, discriminatoire et communautariste, tel peut être qualifié le projet de monument en mémoire des premiers Italiens arrivés dans l’Aube, dans les années 30.
Pourquoi les honorer, et eux seuls, demande notre élue troyenne Anna Zajac ? Qu’ont-ils donc fait de mémorable et de particulier ? Pourquoi les Italiens et pas les Espagnols, les Polonais, ou les Marocains qui sont de loin les plus nombreux (3466 contre 791 Italiens aujourd’hui).
J’aime beaucoup les Italiens de mon enfance maçons, chanteurs et accordéonistes, tout autant que d’autres étrangers venus nous enrichir de leur culture, tout en négociant, pas cher, leurs bras et leur sueur dans les champs et dans les usines.
C’est pour tout ce monde qu’il faudrait dresser un monument, mais s’il fallait honorer vraiment des Italiens, je proposerais plutôt un mausolée à Flavius Aetius qui nous délivra d’Attila en 451. Ou mieux encore, à ces Romains qui nous aidèrent à bâtir Augustobona au 1er siècle de notre ère. C’est une idée qui me botte.
Moi qui vous cause, j’ai une aïeule transalpine. Elle a participé elle aussi au grand remplacement en s’installant en France. L’affaire dure depuis le néolithique. Merci à mes aïeux d’y avoir participé. Je n’en tire aucune gloire. Nous sommes tellement mélangés qu’on ferait tort aux autres en distinguant les uns.
Pourquoi ne pas ériger un monument à la gloire des premiers barbares qui ont colonisé notre sol, Celtes, Francs, Goths et Ostrogoths.
J’aurais compris, oui, que les solliciteurs aient réclamé surtout qu’on honore les Romains, Italiens de base et nos pères pourtant, nos géniteurs. Cela aurait eu un sens. Non ?
Ceux qui sont restés dans la botte sont devenus italiens, faute de mieux. Il n’y a pas de gloire à venir, 2000 ans plus tard, rendre visite à ses aïeux.
Les gens circulent à travers le monde depuis l’époque néolithique. Ils s’installent et défrichent et deviennent des indigènes. Vers 1920 Giuseppe Azzola est arrivé en France chassé par les chemises noires de Mussolini. Il y resté il y a fait souche, quatre filles, et un garçon prénommé Marcel qui est devenu le meilleur accordéoniste français. Il n’a jamais rien réclamé à personne. Il aurait pu, vu les progrès qu’il a fait faire à l’instrument et à la musique qui va avec.
Malicette
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