
Emploi - Industrie
Ces derniers mois les dossiers préoccupants en termes d’emploi sont légion dans notre département. Des fleurons industriels, les seuls restants, de notre territoire sont menacés. On peut citer Le Coq Sportif à Romilly bien sûr, mais aussi Michelin à La Chapelle - Saint - Luc ou encore Petit Bateau.
Les conséquences sont à la fois immédiates et sur le long terme, immédiates puisque des centaines d’emplois sont menacés si ces usines ferment et à plus long terme puisque cela entraînera des pertes d’emplois indirectes et de plus en plus de difficultés pour nos bassins de vie. La Dépêche de l’Aube s’est penchée sur la question.
L’industrie de plus en plus menacée
Commençons par Le Coq Sportif, placée en redressement judiciaire depuis fin 2024, et dont nous avons déjà plusieurs fois parlé dans nos colonnes. Le plus problématique dans toute cette histoire étant les millions d’aides publiques dont s’est goinfré le groupe Airesis (propriétaire de la marque au gallinacé depuis 2015) et pourtant la marque périclite. L’argent des Françaises et des Français est donc donné à des groupes privés sans aucun contrôle. Les engagements d’emploi ne sont pas respectés, et la gestion est particulièrement opaque. Vous pouvez retrouver nos dossiers complets dans nos précédents numéros.
Un consortium rassemblant plusieurs investisseurs dont Xavier Niel ainsi que le groupe américain Iconix s’est positionné pour une reprise du Coq Sportif. Pour l’instant nous n’avons pas d’éléments quant au maintien du siège à Romilly-sur-Seine ni sur la reprise des salariés. Des précisions devraient arriver début juillet, ce qui est sûr c’est qu’il sera urgent de ne pas reproduire les mêmes erreurs, notamment en ce qui concerne la mairie de Romilly, à savoir donner des garanties d’emprunts sans exercer aucun contrôle par la suite.
À la Chapelle-Saint-Luc, la situation de l’usine Michelin est elle aussi préoccupante. Fin 2024, les salariés avaient déjà dû subir deux semaines de chômage technique, ce qui avait plutôt interpellé en lien avec la situation globale du groupe et la fermeture de plusieurs autres sites. Mais à l’époque les dirigeants du groupe et ceux de l’usine affirmaient que le site aubois n’était pas dans le même danger. Force est de constater que la situation a l’air quand même de se dégrader.
En effet, les annonces viennent de tomber l’usine Chapelaine va passer de 650 salariés à 500 d’ici fin 2026. La direction fait le choix de supprimer ses équipes de Week end et d’organiser des « départs volontaires » terme pratique qui permet d’éviter celui de licenciements.
L’argument étant la baisse de production, l’usine de La Chapelle produit du pneu agricole, pendant ses heures de gloire elle produisait 40 000 tonnes par an, en 2024 elle a chuté à 24 000 et devrait peiner à dépasser les 20 000 cette année. Les dirigeants de l’entreprise expliquent que le secteur agricole est en crise, qu’il n’y aura pas « le rebond » espéré ce qui justifie cette décision de « réduite la voilure ».
La crise agricole a bon dos, en effet après avoir déjà fermé les sites de La Roche-sur-Yon en Vendée et de Bamberg en Allemagne, le groupe va également fermer d’ici 2026 ses usines de Cholet (955 salariés dans les pneus tourisme et camionnette) et Vannes (300 salariés dans les renforts les métalliques pour les pneus de poids lourds). Le tourisme et les transports ne sont pourtant pas en crise eux… D’ailleurs, autre fait qui interroge : les bénéfices du groupe qui affiche un résultat net de presque 2 milliards d’euros. La voilure n’est pas réduite pour tout le monde…
Pour finir ce léger tour d’horizon non exhaustif, le groupe Yves Rocher, propriétaire de la marque Petit Bateau entre autres, a annoncé en janvier vouloir céder la marque. Là encore pas plus de précisions pour le moment mais les salariés concernés sont dans l’attente de savoir quel sera leur avenir dans les prochains mois.
Tout est une question de choix politique
L’ensemble des libéraux de notre département font mine de s’indigner de la situation de notre industrie. Ce fut le cas récemment de Monsieur Baroin qui a écrit un courrier au ministre de l’Économie pour l’interpeller sur le textile aubois.
Mais toutes et tous ont leur part de responsabilité dans l’histoire, ils ont soutenu voire même appliqué l’ensemble des politiques libérales et austéritaires qui ont entraîné les délocalisations, les plans de licenciements et la casse du code du travail. Une politique ambitieuse pour produire de nouveau en France, relancer nos industries c’est possible !
Il faut en finir avec cette conception où les salariés sont considérés comme de simples exécutants, des machines à produire pour réaliser du profit. Les salariés devraient pouvoir disposer de droits et de pouvoirs nouveaux leur permettant de formuler des propositions qui pourraient être expertisées et, si elles s’avèrent pertinentes, pourraient être financées par une banque publique accordant des prêts à taux zéro. Une entreprise ce sont des salariés sans lesquels aucune production n’est possible.
La question de l’utilisation des fonds publics accordés aux entreprises, d’un financement nouveau de l’économie et de celui des droits et pouvoirs nouveaux pour les salariés et leurs organisations syndicales sont pour les communistes des enjeux de première importance pour réindustrialiser notre pays et relocaliser les productions !
Sandrine Maillard, déléguée CGT à l’usine Michelin de La Chapelle-Saint-Luc a pu échanger avec nous : un accord de « performance collective » a été négocié. Cet accord concerne les salariés des services qui seront supprimés, à savoir l’équipe de Week end et l’équipe de cuisson après cuisson. La CGT n’a pas signé l’accord que la fédération considère comme un plan social déguisé, mais 3 organisations syndicales sur les 5 ont signé.
Il est donc applicable, le 18 aout les salariés concernés recevront un recommandé leur proposant de rester à Michelin, de partir avec une prime de départ ou alors d’avoir accès à la mobilité et à la formation.
À suivre !
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