
Chaque année lors du festival de Cannes, en marge des films en compétition, la Croisette devient avant tout, un haut lieu des mondanités, de frivolités, de superficialité, des tenues de gala, des robes de soirée, des smokings et noeud papillon, des gros cigares et des lunettes de soleil, même par temps de pluie. Comme toujours, gravitant autour du festival il y a de ces fondations dont l’utilité reste à démontrer, si ce n’est qu’elles permettent à un certain microcosme de la haute bourgeoisie de se pavaner en vase clos, de se congratuler et de se décerner des prix bidons en trinquant avec des bulles.
De ces inutiles pitreries institutionnalisées, la Jet Set est coutumière de ce fantasque tape-à-l’oeil, mais cette année elle a décroché le pompon. Lors du “Global gift gala” la fiancée de Jeff Bezos le fondateur d’Amazon, Lauren Sanchez, a reçu un prix récompensant son « plaidoyer pour la justice climatique ». Vous me direz, pourquoi pas ? Mais, il y a un mais de taille ! Pour venir récupérer son prix écologique, elle a utilisé le KORU, le yacht de son futur, l’homme le plus riche du monde, cela dit en passant. Le KORU ce monstre de 127 mètres de long, émet 7154 tonnes de CO2, près de 447 fois plus qu’un Américain moyen qui n’est pas un modèle de vertu dans ce domaine, consommant 540 litres de carburant par heure en déplacement. Son réservoir contient 750.000 litres l’équivalent de 19.000 Clio et selon le “collectif Traker” son empreinte carbone depuis mai 2024 est de 1000 tonnes de CO2. Au cas où le mastodonte des mers viendrait à avoir un ennui, un deuxième navire assistance du même propriétaire l’AEBONA long de 75 mètres le suit en permanence, empreinte carbone évaluée à 1700 tonne de CO2 par an ? N’en jetez plus la cour est pleine !
Comme les ultras riches n’ont honte de rien, il fallait bien que la miss Sanchez se distingue par quelque chose d’encore plus destructeur en s’illustrant en avril par un voyage aller-retour de 11 minutes dans l’espace à bord de la fusée Blue Origin de l’entreprise spatiale de Jeff Bezos. 11 minutes qui émettent 15 tonnes de CO2 par personne seulement pour le lancement. Pour la bonne bouche, rappelons que Jeff Bezos, dissimule 57 % de son chiffre d'affaires réalisé en France pour pratiquer une évasion fiscale massive en déplaçant une grande partie de ses bénéfices vers l'étranger. Amazon Web Services a émis 55,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre en 2018, soit l’équivalent des émissions du Portugal et a détruit 3 millions de produits neufs en France la même année. Amazon fait travailler majoritairement des personnes ayant des contrats précaires, notamment en intérim, qui s’épuisent dans des entrepôts gigantesques. Amazon détruit 2 emplois à chaque fois qu'il en crée 1. Pour conclure ce chapitre, pour ce couple exemplaire, il faudrait inventer un smiley… en doigt d’honneur.
Louis Michel
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