

Troyes-Champagne-Métropole
Parmi les compétences de Troyes Champagne Métropole, celle concernant les mobilités est sans doute celle qui permet le mieux de mesurer la prise en compte ou pas de l’intérêt général de par son impact direct sur la vie quotidienne à travers l’enjeu majeur de la question environnementale, qui plus est couplé à celle du pouvoir d’achat. À l’occasion du vote du budget l’élu communiste Jean Pierre Cornevin a estimé qu’en terme de bilan il était difficile de faire pire !!
Ça casse l’ambiance un peu trop feutrée de cette assemblée qui gère tout de même des sujets majeurs pour la vie quotidienne de près de la moitié de la population auboise. À Troyes Champagne Métroplole, les rares prises de paroles sont plutôt pour s’auto féliciter. « Merci mon cher collègue, mon cher ami-e, par ici. Merci, Monsieur le Président ou même Monsieur le ministre, par là. » Bref que des ami-es de trente ans.
Et pourtant, il est bon de le rappeler comme l’a fait l’élu communiste : ( qu’) « Un budget exprime des choix et donc une volonté politique et nous sommes quand même quelques-uns et quelques-unes dans ce cas, ici même, à avoir été élus sur la base d’un projet municipal qui exprimait une volonté forte de prendre à bras le corps les enjeux environnementaux et de vivre ensemble qui sont devant nous. C’est peu dire, que ce budget, comme tous ceux de cette mandature, n’ont jamais exprimé une telle volonté. »
Tout cela n’est quand même pas brillant !
Et pour illustrer ça, de prendre comme exemple, le diagnostic du plan mobilité présentée aux élu-es. Où il est expliqué, noir sur blanc que sur les 50 actions inscrites au précédent Plan de déplacements Urbains, donc depuis 2014, seules 11 d’entre elles ont été mises en oeuvre totalement ou partiellement…
À l’évidence, un retard important a été pris, parce que le choix politique a été fait de ne pas porter l’effort sur le développement des modes de transport alternatifs a la voiture.
35 000 déplacements domicile-travail ignorés !
Pas étonnant donc que trop peu de personnes prennent leur vélo pour se rendre au travail, alors que dès qu’il y a un réseau de piste cyclable à la hauteur, les personnes interrogées disent souhaiter prendre leur vélo. Pas étonnant donc que seulement 6% des habitants de la 1ere couronne de notre agglomération prennent le bus pour aller travailler alors que c’est 16% au niveau national.
Dans la 1ere couronne, 80% des trajets domicile travail se font en voiture alors que la moyenne du parcours est de moins de 6 km. La plupart pourraient prendre le bus ou le vélo s’il y avait un réseau viable. On parle là de plus de 35 000 déplacements domicile-travail quotidien, ce n’est pas anecdotique !
Ça ne va pas s’arranger
Si l’on retire ce qui est attribué à la ligne Paris-Bâle, dans le budget 2025, le montant des investissements est d’un peu plus de 2 millions, comme chaque année depuis le début de la mandature. C’est bien trop peu pour une compétence de cette importance.
Malheureusement l’adoption du nouveau plan mobilité ne va pas changer grand-chose. On n’évoque même pas dans cette prospective à 10 ans le bus en accès libre… alors que c’est la meilleure façon de booster les transports collectifs y compris dans la ruralité.
Invité par François Baroin, goguenard, à donner une réponse à son camarade briseur d’ambiance, Olivier Girardin, le vice-président aux mobilités, a renvoyé avec un certain mépris JP Cornevin à « la politique politicienne » et à « l’opposition facile ».
JP Cornevin après avoir rappelé que son programme, qui contenait entre autres le bus en accès libre, avait recueilli 36 % des votes des électeurs dryats, a invité Olivier Girardin à s’inspirer de son action qui a permis la mise en place de l’accès libre dans sa commune de St André où dorénavant 300 jeunes utilisent le pass basic scolaire, alors qu’auparavant ils n’étaient que quelques-uns à prendre le bus.
Malgré sa volonté d’utiliser le bus ou son vélo, Olivier doit prendre sa voiture pour se rendre à son travail situé dans la zone d’activité du grand Troyes à Ste Savine. Il n’a en fait pas d’alternative possible. Habitant proche du quartier de l’Hôpital à St-André-Les-Vergers, il devrait pour être à 8 heures à son travail, prendre le bus à l’arrêt Simone Veil à 6h28 mn pour arriver parc du Grand Troyes à 7h25 mn et faire ensuite un petit ¼ h de marche afin d’arriver dans son entreprise. Il lui faudra quasiment autant de temps pour le retour dans l’après-midi. Soit en tout plus de 2h de bus.
Olivier a bien pensé prendre son vélo et faire les 6 km qui le séparent de son lieu de travail. Il ne mettrait alors plus que 27 mn aller. Seulement il n’y a pour ce trajet que 2 km de voie cyclable. Trop peu pour le quinquagénaire qui préfère la sécurité de son véhicule. Il y a sans doute beaucoup d’Olivier parmi les 35 000 déplacements domicile travail qui s’effectuent chaque jour dans la 1ere couronne autour de Troyes.
Il est évident que si l’offre de mobilités alternatives à la voiture correspondrait à la demande des habitants de notre agglomération, nul doute que l’on observerait une hausse considérable de l’utilisation du vélo et du bus, voire même de la marche à pied. Malheureusement vu le nouveau projet de mobilité adopté en mars dernier, Olivier n’est pas près de laisser sa voiture au garage !
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