En 1945, conforme à l’esprit du Comité national de la Résistance, la création de la Sécurité sociale par le ministre communiste Ambroise Croizat, témoigna d'une volonté d’organiser de vraies garanties contre les risques sociaux, avec un financement reposant sur le principe essentiel de la solidarité, chacun cotisant selon ses moyens avec des prestations selon ses besoins. Il refusa l’étatisation sociale du financement par l’impôt, et imposa la cotisation sociale et une gestion paritaire ouvrière.
Dans le but d’économiser sur le budget de la Sécu, le gouvernement Barnier veut diminuer de 5 % la part prise en charge par la Sécu sur les consultations médicales et les médicaments. Et parbleu, les mutuelles compenseront ! Le comble, il faut noter que dans ce projet de budget, les employeurs seront exonérés de toute augmentation des cotisations.
Pour faire court, la stratégie non avouée des libéraux de tout poil, c’est qu’au fil des réformes, les assurances privées, qui ne sont pas philanthropes, deviennent progressivement majoritaires dans ce secteur. Au lieu de l’économie prévue, de fil en aiguille, il y aura transfert des finances de la Sécu vers des assurances privées, avec à la clé, une augmentation des cotisations. Le tour de passe-passe sera joué.
De la caisse de prévention ouvrière indépendante, la mainmise de l’État, par le biais de réformes a démantelé notre Sécu et deviendra une manne financière pour le capital, au détriment des travailleurs. On comprend mieux pourquoi A. Croizat, avait refusé l’intervention de l’État.
La censure a du bon ! En effet, l’imposition qui était prévue, quoique minimale, les riches y échapperont, ainsi que les grandes entreprises qui ne paieront pas la surtaxe de l’impôt sur les sociétés promise par le gouvernement défunt. Ce n’était certes qu’une égratignure dans le magot, mais cela faisait croire à l’effort commun et donnait le change à la participation des plus fortunés aux sacrifices demandés.
LOUIS MICHEL
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