Romilly-sur-Seine
Il y a quelques jours le placement en redressement judiciaire du Coq Sportif a été annoncé. Cette annonce a été un choc au niveau national mais aussi dans l’Aube, le siège social historique de l’entreprise étant basé à Romilly-sur-Seine.
La mise en redressement judiciaire du Coq Sportif, une entreprise emblématique, est un coup dur, non seulement pour ses 363 salariés, dont 147 à Romilly, et leurs familles, mais aussi pour notre territoire dans son ensemble. Cette crise n’est pas qu’une question d’équilibre financier : c’est un signal d’alarme sur l’état de notre industrie et sur l’avenir de la production locale.
Pour rappel, Adidas avait fait main basse sur le Coq Sportif dans les années 70 et avait délocalisé la production en Asie pour finir par licencier tous les salariés en 1988. En 2015, le Coq a été racheté par le groupe AIRESIS, fonds de pensions suisse coté à la bourse de Genève qui a choisi de le relancer en France dans sa ville historique. Ce nouveau groupe a bénéficié de nombreuses aides publiques, pour une gestion qui pose un grand nombre de questions, nous y reviendrons.
L’annonce du redressement judiciaire a été un choc pour beaucoup de monde puisque la marque a en effet équipé les athlètes du monde entier durant les JO de cet été, mais visiblement cela n’a pas suffi à endiguer les problèmes financiers puisque les ventes n’auraient augmenté que de 30%.
C’est une annonce qui interpelle pour plusieurs raisons, évidemment sur le plan social puisque de nombreux salariés risquent de perdre leur emploi, mais également au niveau financier.
En effet, l’État a engagé 12,5 millions d’euros et la commune et la Communauté de commune garantissent 2 millions d’euros d’emprunts. Cela devrait nécessiter des engagements, des garanties et du contrôle.
Fethi Cheikh, élu communiste au Conseil communautaire des Portes de Romilly-sur-Seine, a fait une intervention lors de la dernière réunion de l’instance avec les propositions suivantes :
1. Demander au Préfet de l’Aube l’organisation d’une table ronde économique et sociale, réunissant toutes les parties prenantes : l’État, les banques, les représentants des salariés, les élus locaux, et les administrateurs judiciaires.
2. Produire une étude d’impact sur l’emploi et le territoire et consulter les propositions des représentants du personnel et des syndicats.
Au-delà de ces mesures immédiates, l’élu a pointé le fait qu’il serait nécessaire de tirer les leçons de cette situation. Comment se fait-il qu’une entreprise qui a bénéficié d’aides publiques et de la garantie d’emprunt de la commune se retrouve aujourd’hui dans une telle impasse ? Puis Fethi Cheikh a également sollicité la réalisation d’un audit sur l’utilisation des fonds publics perçus par cette entreprise. Avec l’argument que les citoyens ont le droit de savoir si cet argent a été utilisé pour sauvegarder l’emploi ou pour alimenter des dividendes.
Syndicalement, la réaction a également été immédiate, l’intersyndicale romillone a organisé une conférence de presse et un rassemblement de soutien aux salariés a eu lieu ce jeudi 5 décembre. La mobilisation ne fait que commencer.
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