Charles Dumont est récemment décédé. Il était l’auteur d’une des plus célèbres chansons du répertoire français qu’il avait composée en 1956 pour Édith Piaf. « Non, je ne regrette rien » résonne dans nos vies parce que ces paroles n’ont pas d’âge, pas de couleur, pas d’usure. Elles peuvent écrire le récit de toutes nos existences quel qu’en soit le contenu. C’est cette universalité qui en a fait un classique. Et qui fait qu’elle trotte parfois dans nos têtes. Aujourd’hui plus qu’hier. Allez savoir pourquoi en cette mi-novembre, c’est aux politiques que ces paroles me font penser. Peut-être parce que Bruno Retailleau, il y a quelques jours à Metz parlait « d'ensauvagement de la société ». Une manie depuis les « sauvageons » de Chevènement en 1999 en passant par Bernard Cazeneuve (2016), un de ses successeurs à l'Intérieur, qui préférait ce vocable à celui de « racaille […] expression choquante de Sarkozy ». Brave homme.
Quand ils n’ont plus rien à perdre et surtout à gagner, il arrive que des hommes politiques consentent à reconnaître sinon leurs erreurs, au moins leurs mauvais choix. Mais quand ils sont au coeur d’un système dont ils sont les acteurs principaux, ils ne regrettent pas grand-chose. Les municipales approchant, pas sûr que les regrets soient au menu des uns ou des autres, pas plus que les remords d’ailleurs. Après tout, pour beaucoup, en 2026, l’idée sera de ne rien changer, sinon de vanter le bilan, d'expliquer qu'ils ont sué sang et eau pour parer au pire, dont la vague de submersion économique et politique ne sera pas contenue par leurs digues : un Fukushima* sociétal. Comme l'aurait dit Napoléon au prince Murat : « Après une bataille perdue, on n'a rien à dire sauf : "trop tard" ». N'attendons donc aucun regret, mais faisons en sorte d'éviter le "trop tard".
* Catastrophe nucléaire en 2011 au Japon due à la hauteur sous‐estimée des digues en cas de tsunami.
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