L’URGENCE D’AUTRES CHOIX

L’URGENCE D’AUTRES CHOIX

5 décembre 2024
Catégorie(s) :

Fret ferroviaire

Tout dans la situation actuelle, de l’urgence de réduire les gaz à effet de serre à la nécessité d’augmenter la part des transports décarbonés, de la réduction indispensable des nuisances de toute sorte à la nécessité de substituer une rentabilité sociale et environnementale à la dictature de la rentabilité financière, tout devrait conduire à donner une réelle priorité au transport des marchandises par le rail avec un opérateur public fort.

Le bon sens commande d’en finir avec l’hypertrophie des camions sur les routes d’autant que la France est un pays où le transit vers l’Europe est important. La prise en compte de l’intérêt général, voilà ce qui devrait guider les décisions gouvernementales et européennes. Force est de constater que nous en sommes à mille lieues !

Plus de camions sur les routes

« L’accord de discontinuité » négocié par la France et l’Europe ou plus explicitement le nouveau plan de casse et de destruction du service public du fret ferroviaire, préparé de concert et en secret par le gouvernement d’Elisabeth Borne avec la Commission européenne et la direction de la SNCF, et maintenant mis en oeuvre par le gouvernement Barnier va conduire outre, la suppression de 500 emplois de cheminot dans cette activité, à une réduction des trafics car le privé ne reprendra pas tous les segments dont Fret SNCF devra se séparer. C’est un constat. Résultat ? encore et toujours plus de camions sur nos routes. Inacceptable.

Étrange. Tel est l’adjectif qui vient à l’esprit pour caractériser la procédure engagée par l’Union Européenne pour torpiller Fret SNCF. Car c’est au moment où Fret SNCF sortait la tête de l’eau, les 2 derniers exercices étant légèrement bénéficiaires et alors qu’il n’y avait plus de plainte de la part de ses concurrents que cette procédure a été engagée.

La duplicité du Gouvernement

Aujourd’hui le gouvernement tente de faire porter la responsabilité à la seule commission européenne mais ce n’est pas la réalité. La réalité, comme l’a indiqué Nicolas SANSU député communiste, au nom du groupe de de la Gauche Démocratique et Républicaine, « c’est, pour le moins une attitude de renoncement politique volontaire du Gouvernement, adopté au détriment de la pérennité d’un outil public au service de la souveraineté nationale et de la lutte contre le réchauffement climatique. » Le Gouvernement n’aurait pas dû céder aux exigences de la Commission européenne. Il indique « qu’il n’est pas sérieux, qu’un des membres fondateurs de l’Union Européenne, qui plus est la deuxième économie du continent, ne puisse porter l’exigence d’un pôle public renforcé du fret ferroviaire pour répondre aux enjeux de transition écologique à l’échelle nationale et européenne ». Un moratoire de la mise en oeuvre de ce plan de discontinuité doit être mis en oeuvre.

Le diagnostic suivant est inscrit dans le très officiel document gouvernemental du ministère des transports présentant la Stratégie Nationale pour le Développement du Fret Ferroviaire ; « La libéralisation du secteur s’est largement faite au détriment du développement global de la part du fret ferroviaire ». Le reconnaître doit conduire à réorienter les choix politiques européens. Mais pas seulement. Il faut aussi revenir sur des choix catastrophiques qu’ont faits conjointement les gouvernements français et la SNCF et qui ont conduit à diviser par deux la part des marchandises transportées par le rail dans la période 2000-2020 alors qu’en Allemagne elle a progressé et presque doublé en Italie !

Des choix nouveaux

La destruction a été telle ces 20 dernières années qu’une politique volontariste et de long terme est indispensable. D’abord en finir avec le sous-investissement chronique concernant le ferroviaire.

Les particularités du fret ferroviaire tenant à l’importance du réinvestissement initial avec un amortissement sur le long terme et à l’importance des charges d’exploitation sont autant qui plaident pour une révision du régime d’aide publiques au fret. Des choix forts de maintien et de développement d’un opérateur public avec du personnel au statut pour la meilleure sécurité sont à faire. Pour améliorer la part modale du fret il faut rétablir des conditions de concurrence équilibrées notamment avec le transport routier. La reconquête du transport combiné qui a été abandonné alors qu’il s’agissait d’un marché d’avenir s’impose. Des progrès démocratiques sont à faire pour associer les salariés, les citoyens, tous les acteurs concernés, à la définition d’une politique de développement du fret ferroviaire à la hauteur des enjeux majeurs auxquels le pays est confronté, aux premiers rangs desquels la lutte contre le réchauffement climatique et l’indispensable relocalisation de production.

 

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