Romilly capitale du cycle :
Quel soulagement pour les salariés de Cycleurope quand ils ont appris que le tribunal de commerce de Troyes avait validé l’offre de reprise présentée par le groupe REBIRTH. Soulagement car promesse a été faite de maintenir l’ensemble de l’effectif. Les salariés seront complètement satisfaits quand ils connaîtront la stratégie industrielle du repreneur comme l’indiquait l’un d’entre eux.
Quelques rappels historiques
C’est dans les années 1974/1975 que Romilly est devenue un lieu de fabrication du vélo quand Peugeot décide de déconcentrer une partie de son activité du Doubs vers notre ville. Ils s’installèrent dans l’ancienne usine Frimatic où l’on fabriquait des frigos, rue Gabriel Péri. Très vite, les effectifs de production se sont développés. Plus de 1000 salariés fabriquaient jusqu’à 2000 vélos jours selon les modèles. Un centre de recherche avait même été créé au sein de l’entreprise apportant des avancées technologiques notamment au niveau de la fabrication des cadres de vélos.
À l’époque, le groupe Peugeot sponsorisait une équipe du Tour de France avec à sa tête Roger Pingeon, venu à plusieurs reprises à l’usine de Romilly, puis Pascal Simon, coureur cycliste professionnel aubois, leader du tour de France en 1983 avant d'être contraint à l'abandon suite à une lourde chute. Rappelons également que Peugeot a gagné le Tour de France en 1975 et 1977 avec Bernard Thevenet.
C’est ainsi que notre ville est devenue capitale du cycle durant vingt-cinq ans. Rappelons au passage que cette installation de Peugeot Cycle tordait le cou aux campagnes calomnieuses du patronat et de la droite locale martelant qu’avec un maire communiste il ne pouvait pas y avoir d’implantation industrielle.
Puis, changement de stratégie, Peugeot abandonne sa branche vélos. Elle est reprise par le groupe Grimaldi qui crée Cycleurope à Romilly ; l’emploi et la production y furent maintenus jusqu’à ce que les Grimaldi décident d’aller réaliser plus de profits vers d’autres cieux. Petit à petit l’entreprise est passée de la fabrication de vélos à l’assemblage de pièces venues de pays à bas salaires. En 2007, la stratégie de délocalisation et de développement des importations a eu pour conséquence une amorce de recul sérieux des effectifs et de la production.
C’est ainsi qu’apparurent de graves menaces sur l’existence de l’entreprise engendrant de très fortes mobilisations où les communistes romillons, avec leurs élus, ont pris toute leur place aux cotés des organisations syndicales. Ils ont été reçus à l’Assemblée nationale par Alain Bocquet, président, à l’époque, du groupe communiste à l’Assemblée, avec des élus CGT de l’entreprise. Puis, les plus anciens se rappellent encore de la grande manifestation à vélo à travers les rues de Romilly qui a rassemblé plus de 1000 participants. Devant cette situation, le Conseil général de l’Aube décida de racheter les locaux et de faire de Cycleurope un locataire des lieux.
Romilly doit redevenir capital du cycle !
Aujourd’hui Cycleurope c’est 140 salariés et une production essentiellement orientée (95%) vers le VAE (vélo à assistance électrique) donc limitée.
Pourtant, malgré une baisse du marché national en 2023, il s’est tout de même vendu 2 316 665 vélos représentant un chiffre d’affaire de 3,4 milliards d’euros. Or, cette même année une baisse de la production en France a été enregistrée : moins 25% par rapport aux années précédentes. En 2023, 645 000 vélos ont été assemblés sur notre sol. Cette même année, il y a donc eu 1,7 million de bicyclettes vendues en France qui provenaient d’importations. Il y a donc bien de la place pour produire et assembler davantage de vélos dans notre pays.
Des perspectives dans lesquelles le repreneur de cycleurope doit s’inscrire
Il semble en effet qu’une reconquête du marché national se dessine. Les intentions sont là, d’après plusieurs spécialistes de la filière du cycle -Vélico en l’occurrence - pour 2027 l’ambition affichée est d’assembler en France 1,4 million de vélos pour atteindre 2 millions en 2030.
Rappelons encore qu’en 2023, la production/assemblage représentait en France 645000 unités. De telles ambitions ne sont pas pour déplaire aux communistes, eux qui font du travail, de la réindustrialisation et de la relocalisation de productions un des axes majeurs de leur combat. Car produire en France c’est bon pour l’emploi, c’est bon pour l’environnement avec moins d’importations et donc de transports. Déjà dans les années 1980 ils collaient des affiches « produisons Français ». Mais d’expérience les communistes savent qu’il ne faut pas rester l’arme au pied.
Des mobilisations seront nécessaires pour que ces ambitions se concrétisent réellement. Le monde du travail peut compter sur leur soutien actif. Dans ce cadre, les salariés doivent avoir leur mot à dire. Pour cela des droits et des pouvoirs nouveaux doivent leur être accordés.
À Romilly, le groupe REBIRTH qui vient de reprendre Cycleurope doit s’inscrire dans ces perspectives de développement. Avec les salariés, exigeons une augmentation de la production, la création d’emplois et mettons en place les formations nécessaires et Romilly redeviendra capitale du cycle.
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