Giorgia Meloni, qui pensait fêter au champagne ses deux années de pouvoir le 22 octobre, n'a pas digéré l'arrêt du Tribunal de Rome qui l'a obligée à faire revenir les 16 migrants envoyés en Albanie : coût du voyage : 36000€ x 16 = 576 000 €, alors que le gouvernement présente un plan drastique d'économie pour diminuer la dette. C'est fâcheux. Les grands responsables de cet échec ont été aussitôt désignés à la vindicte publique : les magistrats, même s'ils n'ont fait qu'appliquer la loi européenne qui prévaut en la matière. Ignazio La Russa, président du Sénat, un néofasciste de la plus belle eau, a déclaré que les magistrats devaient respecter la droite qui a gagné les élections et qu'il allait falloir redéfinir dans la Constitution italienne la séparation des pouvoirs entre le judiciaire et l'exécutif. En attendant, pour ne pas perdre totalement la face, le 21 octobre, le Conseil des ministres italien a approuvé un décret-loi qui contient une liste de 19 pays d’origine dits "sûrs", dont les ressortissants ne pourraient pas demander le droit d'asile.
Parmi ces pays, on trouve le Bengladesh et l'Égypte d'où provenaient les 16 migrants. Or, depuis qu’il a pris le pouvoir lors d’un coup d’État en 2013 et qu’il est devenu président en 2014, le général al-Sissi dirige l’Égypte d’une main de fer. Son gouvernement, comme en témoigne l'ONG Human Rights Watchers, a massacré des manifestants et emprisonné et torturé des milliers d'opposants présumés, les maintenant souvent en détention provisoire prolongée ou les condamnant à l’issue de procès manifestement inéquitables. Les médias indépendants et la société civile ont été étouffés, mais, comme le dit La Russa, qui pense que les Italiens sont majoritairement d'accord avec ce traitement des migrants, « j'ai l'intention d'aller en Égypte à Noël avec ma famille pour voir les pyramides, et si j'y vais c'est parce que c'est un pays sûr ». CQFD. Simple, tragiquement simple.
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