Au Moyen-Âge, l'Église qui donnait le rythme du temps de travail, rendait obligatoire le repos dominical pour pouvoir (en fait, devoir) aller à la messe. Et s'y ajoutaient les fêtes religieuses. Et gare à ceux qui travaillaient le dimanche ! Au XVIIIe la propriété et l'abondance de marchandises liée aux colonies et au début de l'industrialisation entraînent la demande de travailler autant que l'on veut et même le dimanche pour satisfaire à la demande de consommation, mais cela ne vaut que pour les artisans et les paysans propriétaires de leur outil de travail. La révolution industrielle va imposer très vite un temps de travail de 15 à 17 h jour, y compris le dimanche. En 1848 un décret fixe la journée de travail à 12h, mais quelques années après le patronat de l'industrie impose l'allongement du temps de travail ; l'historien P. Pierrard rapporte les propos d'un patron du textile qui s'adresse à un inspecteur du travail : « La science économique veut que l'homme, dût-il y périr, doit toujours suivre le rythme de la machine qui, elle-même, pour assurer la prospérité, ne doit jamais s'arrêter. » Il faudra attendre 1906 pour un jour de repos hebdomadaire et 1936 pour la semaine de 40h et deux semaines de congés payés.
Gabriel Attal a fait le 9 juillet dernier un grand saut en arrière en accordant in extremis aux patrons vignerons la possibilité de faire travailler sans repos hebdomadaire les saisonniers, une fois par mois, soit 13 jours d'affilée. « Dût-il y périr » aurait pu être repris : dans la chaleur intense que l'on a connue fin août et septembre derniers, il y eut à déplorer 6 morts parmi les saisonniers, exposés trop longtemps à une chaleur trop forte et sans hydratation prévue, dont un jeune homme de 19 ans qui était venu faire les vendanges pour payer ses études. La justification d'un tel décret est qu'une récolte peut rapidement être détruite à cause d'intempéries. Une vie de travailleur saisonnier aussi, mais qu'est-ce que cela vaut en regard de la prospérité des vignerons ?
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