Au-delà de l’apparent renversement entre les résultats du premier et du second tour des législatives, une ligne de force s'est dégagée : le rejet viscéral de la figure présidentielle et de sa politique brutale, pour des millions d'entre nous, pour servir le couvert à une coterie d'ultra-riches. Même s’il est parvenu à sauver les meubles, Macron était aussi dans le collimateur des électrices et des électeurs. Comme si ceux qui manifestaient avec les gilets jaunes, ceux qui combattaient la réforme des retraites, ceux qui s’estiment méprisés et financièrement mis à l'étiage, avaient empli les urnes de leurs rancoeurs et colères. On prétend que les Français n’ont pas de mémoire ; on se trompe. Les blessures, même lorsqu’elles ne saignent plus devant les caméras, ne cicatrisent pas forcément. Le chef de l’État vient de régler l’addition de sept années de pouvoir. L’a-t-il compris ? Ou cherche-t-il, comme cela se murmure, à reprendre l’avantage en glanant une poignée d’élus de la droite et du centre ?
Virtuellement, cette « tambouille » peut s'envisager. Pour s’épargner trois ans de figuration au Palais-Bourbon, certains indécis pourraient être tentés de saisir la main tendue. De même, Emmanuel Macron n’a probablement pas renoncé à la coalition des « raisonnables » en qui, dans son naufrage, il voit la bouée salvatrice de sa fin de mandat. Mais il est peu probable que ces stratégies aboutissent. Précisément parce que nos concitoyens veulent tourner la page du macronisme. Dans la tempête, qui songerait à s’agripper à une planche pourrie ? Peut-être celles et ceux, imperméables à la résilience, qui ont voulu colmater les brèches de l'extrême-droite. Les clones de madame Petel, refusant le désistement, qui a ajouté le déshonneur pour permettre l'élection d'un proche de Zemmour dans les Bouches-du-Rhône ? Dans le tumulte actuel, l’improbable n’a jamais paru aussi peu impossible.
© 2024 - La Dépêche de l’Aube
Création : Agence MNKY