L'ambassadeur de Cuba en France, lors de la Conférence pour la paix au siège du PCF, a rappelé que l'autodétermination a été LA décision qui a entraîné le blocus : il était impensable pour les USA que cette île échappât à leur sphère d'influence et à leur économie. D'ailleurs Biden n'a pas mis fin aux 243 sanctions de Trump et n'a pas retiré Cuba de liste SSOT, celle des états terroristes. Peu importent les conséquences sur la population cubaine.
Pour la Nouvelle-Calédonie, l'autodétermination, objet des référendums, semble aussi insupportable pour E. Macron : en 2018 le non à l'indépendance l'emporte à 56,7% ; en 2020 à 53,2%, l'écart se resserrait et, pour cette raison, le troisième est passé en force en 2021, dans un contexte de forte mortalité Covid pour les Kanaks et donc de forte abstention pour cause de deuil. Le résultat de 96,5% n'est donc pas reconnu par les indépendantistes. Le projet de loi de Macron autorisant le dégel électoral a, dans ce contexte, mis le feu aux poudres : comme A. Chassaigne l'a dit à l'Assemblée nationale, il s'agit en fait d'un processus de colonisation qui consiste à mettre en minorité un peuple sur sa propre terre : en 2019 ils représentaient 41,2% de la population de l'archipel et, si la loi passe, il y aura quelque 25000 nouveaux électeurs, ce qui, selon l'anthropologue Bernard Trépied, modifierait profondément les équilibres politiques.
Une nécessité pour les libéraux : les indépendantistes ont la majorité au Congrès calédonien depuis 2017 et le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, Roch Wamitan, indépendantiste, prône un socialisme industriel assurant au territoire « la maîtrise de la ressource et le contrôle des outils de production », en particulier pour les trois usines d'extraction du nickel. Les pillages et les meurtres récents permettent donc à Macron de discréditer les indépendantistes, même si le FLNKS condamne ces violences. L'économie et l'influence françaises dans le Pacifique ont un prix.
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