« Un projet d'écriture constitutionnelle » visant « un statut d'autonomie » pour la Corse a été acté par des élus corses et G. Darmanin lundi 11 mars. Pas par hasard. Le meurtre d'Yvan Colonna dans la prison d'Arles, dans les conditions que l'on sait, avait fait descendre le 6 mars 2022 des milliers de manifestants venus de toute la Corse dans les rues de Corte, avec des slogans comme « Statu francesu assassinu », et des pancartes « IFF », soit I Francesi fora ( les Français dehors ! ). Le président de la Collectivité de Corse, Gilles Simeoni, avait alors prévenu : « Tout le peuple corse a exprimé sa tristesse, son incompréhension, sa colère, et Paris serait bien avisé d'en tenir compte ».
Deux ans après, le visage d'Yvan Colonna, avec « omu eri, populu ti si fattu » ( homme tu étais, tu t'es fait peuple ) est partout à Bastia, une nouvelle organisation, la Ghjuventu Clandestina Corsa ( Jeunesse clandestine corse ), a fait son apparition, et multiplie les incendies de résidences secondaires appartenant à des continentaux. Le quotidien des Corses n'a pas changé : la vie est chère ; le carburant, malgré une TVA à seulement 13%, est plus cher en Corse que sur le continent... les produits alimentaires sont aussi plus chers, avec des aberrations comme le fait de trouver en rayon des clémentines qui ont d'abord été expédiées sur le continent avant d'être réexpédiées dans les magasins corses. En 2021, Michel Stefani, le secrétaire régional du PCF de Corse, avait dénoncé le détournement de 194 millions d'euros de TVA de leur objet pour augmenter les marges des distributeurs sur les produits consommables et les carburants, il réclame aujourd'hui « une évaluation nécessaire au regard des inégalités qui se sont aggravées, tout comme l'affairisme et l'emprise mafieuse ». La promesse d'une modification de la Constitution est un bel emballage censé flatter les élus corses et calmer la colère des Corses, elle n'effacera ni les problèmes ni la colère.
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