Pour André Chassaigne, le discours de G. Attal, reflète un gouvernement « mondain et de l'entre soi », se désintéressant des 6,7 millions de Français sans médecin traitant, des établissements publics sans enseignants, des 3000 enfants dormant dans la rue ; d'ailleurs, preuve de ce mépris, la Santé, l'Éducation nationale et le Logement n'ont pas de ministre de plein exercice.
Pas de ministre, non plus, du Travail : les chômeurs en fin de droit vont perdre, avec l'arrêt de l'ASS, des droits à la retraite et pourront ne pas toucher le RSA en cas de revenu trop élevé du conjoint, ce qui touchera essentiellement les femmes. Les 17 % de smicards sont aussi dans le viseur. Ce gouvernement n'aime décidément pas les pauvres ; l'argent public, pour des néolibéraux, a vocation à retourner dans les poches du privé et du Capital. Mais faire comme si l'appauvrissement et le désespoir grandissants n'étaient pas des sujets dignes d'intérêt comporte un risque.
Marcel Proust, qui n'était pas marxiste, l'avait mesuré : Et le soir ils ne dînaient pas à l’hôtel où, les sources électriques faisant sourdre à flots la lumière dans la grande salle à manger, celle-ci devenait comme un immense et merveilleux aquarium devant la paroi de verre duquel la population ouvrière de Balbec, les pêcheurs et aussi les familles de petits bourgeois, invisibles dans l’ombre, s’écrasaient au vitrage pour apercevoir, lentement balancée dans des remous d’or, la vie luxueuse de ces gens, aussi extraordinaire pour les pauvres que celle de poissons et de mollusques étranges : ( une grande question sociale, de savoir si la paroi de verre protégera toujours le festin des bêtes merveilleuses et si les gens obscurs qui regardent avidement dans la nuit ne viendront pas les cueillir dans leur aquarium et les manger ).*
* À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918
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