
Casse du système de santé
Par Camille Lainé
Pour lutter contre les déserts médicaux, la SNCF a annoncé cette semaine la création d’espaces de « télémédecine » dans les gares. Ces espaces seront mis en place d’ici 2028 dans les zones prioritaires ce qui concernerait 1735 gares.
Cette proposition en plus d’être un pansement sur une jambe de bois, présente un certain nombre de problèmes. À aucun moment, la SNCF ne doit pallier les difficultés d’accès aux soins dans les déserts médicaux, une gare n’est pas un centre de santé. Par ailleurs, la « télémédecine » est plus que contestable, se faire soigner en visio ne remplacera jamais une véritable consultation avec un médecin. La supervision d’un infirmier d’État ne pourra pas suffire.
La SNCF a bien sûr choisi un partenaire privé pour construire son dispositif : l’entreprise Loxamed détenue par le loueur de travaux publics Loxam et la société Capitello Med, spécialisée dans les solutions médicales connectées. Tout ceci est une fausse solution à un vrai problème : la casse du système de santé. Au lieu d’installer des box en visio dans les gares, il faut des médecins, des centres de santé et stopper la fermeture de lits dans les hôpitaux !
Nous sommes particulièrement concernés dans l’Aube puisque notre département est un désert médical. Nous avons perdu 10 médecins généralistes en 3 ans, 127 médecins sont recensés dans l’Aube en 2010 dont la majorité à Troyes et ses communes limitrophes. Alors que la situation est déjà critique nos hôpitaux de proximité sont menacés toujours dans un souci d’économies. Nous avons pu le voir cette année avec les menaces de fermeture de la maternité de Romilly qui ont déclenché une forte mobilisation politique et citoyenne.
Face à cela de vraies solutions existent : développer massivement les centres de santé, supprimer les quotas officiels ou officieux pour les formations initiales médicales comme paramédicales, donner davantage de moyens aux universités de médecine et ouvrir des places supplémentaires et enfin reconstruire et développer les hôpitaux de proximité en les inscrivant dans une politique globale d’aménagement du territoire et d’amélioration de l’accès aux soins.
Chaque bassin de vie devrait disposer d’un établissement de santé, à moins de 30 minutes, ce n’est pas utopique, subir le rouleau compresseur libéral n’est pas une fatalité, notre système de santé nous est envié partout dans le monde, ne le laissons pas se faire démanteler !
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