Le Circo Massimo de Rome débordait de monde samedi, pour la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes : 500 000 personnes, dont beaucoup d'hommes, pour crier leur colère après le meurtre atroce de Giulia Cecchettin, une étudiante de Vénétie de 22 ans. Son ex petit ami, un étudiant de 22 ans aussi, n'avait pas supporté qu'elle le quitte ; un cas classique de la culture patriarcale qui fait croire aux hommes qu'ils deviennent propriétaires des femmes avec lesquelles ils ont des relations sexuelles, et il y en a pour le croire. Mais, la faute de Giulia, à ses yeux, était pire : ils faisaient les mêmes études, mais il n'avait pas réussi ses examens et elle, si ; elle allait être diplômée avant lui. Il lui avait donc demandé de ne pas finaliser son diplôme en génie biomédical et de l'attendre, pour le regard social ; elle avait refusé, elle voulait travailler et être indépendante économiquement. Il lui donnera 26 coups de couteaux dans la tête.
Pour changer les mentalités, en Italie comme en France et comme ailleurs en UE, il y aurait pourtant une mesure simple à mettre en oeuvre, une loi que ni la droite ni la gauche n'ont voulu mettre en application, malgré de belles paroles, l'obligation légale d'égalité salariale, car l'inégalité, qui enrichit le capital et conforte le patriarcat, permet d'entériner l'existence de citoyens de seconde zone, les citoyennes. Cette dévalorisation du travail féminin étant ainsi actée, la dévalorisation de la personne suit naturellement. La femme, productrice, reproductrice, devient alors simple produit, éventuellement jetable quand il ne donne pas satisfaction. Chaque 25 novembre, tout un chapelet de mesures est proposé, avec des regards graves, mais jamais cette mesure. Pourtant plus l'écart salarial est faible dans un pays, plus le taux de féminicides est faible ; et inversement. Mais, visiblement, en France comme ailleurs, le capital et le patriarcat valent bien cette hécatombe*.
* 113 féminicides en 2022 en France, 93 au 17/11/23.
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