Bouts d'histoire
À la Libération, La Dépêche reparaît publiquement. Il lui faudra batailler pendant un an pour être enfin autorisée, le 4 septembre 1945 à devenir quotidienne.
Après avoir été publiée clandestinement, dès 1939, La Dépêche de l’Aube reparaît publiquement le 9 septembre 1944(1). « Bientôt, nous aurons la satisfaction de vous présenter chaque jour La Dépêche », est-il écrit dans l'éditorial du n°3 du 23 septembre 1944 qui indique « jusqu’à maintenant nous avons trouvé d’innombrables embûches sur notre route, peut-être en aurons-nous encore ». Effectivement, des difficultés multiples vont retarder la sortie quotidienne de La Dépêche. Le 7 octobre 1944, un article en Une du journal explicite celles-ci. Il rappelle qu’au lendemain de la Libération, se référant aux instructions sur la presse communiquées par la préfecture de l’Aube au Comité départemental de Libération (CDL), le Parti communiste avait demandé à faire paraître quotidiennement son journal La Dépêche de l’Aube. Le CDL, ayant suspendu les deux journaux collaborateurs, Le Petit Troyen et La Tribune de l’Aube, disposait de deux imprimeries.
Deux imprimeries pour trois quotidiens.
« Certains membres du CDL, demandèrent alors à la Région Auboise du PCF d’attendre trois mois parce qu’ils n’étaient pas prêts eux même à faire paraître un quotidien. Nous maintînmes notre demande parce que, ayant fait paraître notre journal envers et contre le Boche, nous pensions avoir des droits et prêts à accomplir notre devoir. Devant notre nouvelle demande, certains membres du CDL quoique n’étant pas prêts, et cela de leur aveu même, décidèrent de demander eux aussi la parution d’un journal. Le CDL se trouva alors dans la situation suivante : deux imprimeries(2) à répartir entre trois journaux(3). Les réunions suivirent les réunions et il fut impossible de trouver un terrain d’entente. En résumé, après plus d’un mois d’efforts, la question est toujours en suspens et semble même approcher de son point mort. » Dix mois vont être nécessaires pour sortir de l’impasse.
La bataille du papier.
La pénurie de papier menace parfois la sortie du journal à l’instar des autres titres. Le 16 décembre 1944, La Dépêche dénonce le traitement inéquitable « en ce qui concerne la répartition du papier… ». Le 27 janvier 1945, La Dépêche dénonce : « L’action anti-française du trust du papier se poursuit. Celui-ci qui, au cours de l’occupation a livré des tonnes et des tonnes de papier à la presse vendue à l’ennemie, entend aujourd’hui réduire à la portion congrue les journaux patriotes ». Pour répondre aux demandes nombreuses de ses lecteurs qui attendent une édition quotidienne de La Dépêche, le journal écrit dans son édition du 7 juillet 1945 : « depuis longtemps la question devrait être réglée mais une sourde et sérieuse offensive continue à s’exercer contre la presse patriote », et de dénoncer à nouveau le maintien des attributions dérisoires du papier journal ainsi que la limitation des tirages.
Surmonter les derniers obstacles.
Il est rappelé ensuite que le CDL avait donné en octobre 1944 un avis favorable pour la parution quotidienne de trois journaux à savoir : un communiste, un socialiste, un modéré : demandes transmises, renouvelées et confirmées à plusieurs reprises au ministère de l’information. Une première manoeuvre « fut réduite à néant, elle consistait à ne faire paraître que deux quotidiens, un modéré et un soi-disant de “gauche” qui ne serait ni communiste ni socialiste ! » Manoeuvre qui avait pour objet de jeter l’exclusive contre la presse régionale, contre La Dépêche. Elle a été combattue avec vigueur. Une autre manoeuvre suit : « Parce qu’il est impossible d’empêcher la parution quotidienne de La Dépêche, on voudrait lui accorder un tirage limité à l'extrême pour ne pas lui permettre d’être viable ». « La Dépêche de l’Aube doit pouvoir paraître quotidiennement avec le tirage correspondant à son influence, à son rayonnement dans le département ». Ce sera enfin chose faite le 5 septembre 1945. Mais il faudra encore attendre un peu pour disposer d’une pagination suffisante. À suivre...
1 - Cf. La Dépêche de l’Aube n°1781 - 10 novembre 2023.
2 - Celles du Petit Troyen et de la Tribune de l’Aube (devenue La Tribune de l’Est en 1943) confisquées à la Libération par les autorités suite à la collaboration de ces journaux avec l’occupant.
3 - La Dépêche de l’Aube, Libération Champagne, L’Est Éclair.
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