Bouts d'histoire
Au cours de son existence La Dépêche de l’Aube a parfois dû surmonter de terribles épreuves. La période de l’occupation allemande a été, sans aucun doute possible, la plus difficile pour continuer à écrire, imprimer et distribuer clandestinement le journal des communistes de la région.
Pour ce faire des militants ont dû, à leurs risques et périls, enfreindre l’interdiction des publications des journaux communistes prises les 24 et 25 août 1939 par le gouvernement Daladier. Le 26 septembre 1939 un décret de la Présidence du Conseil(1) organise la dissolution des organisations communistes.
L’article premier interdit « toute activité ayant directement ou indirectement pour objet de propager les mots d’ordre émanant ou relevant de la Troisième Internationale ». L’article 2 précise que toutes les organisations communistes sont visées et que leurs biens seront vendus. L’article 3 interdit la diffusion de tous matériels et publications, mais aussi la détention en vue de leur diffusion. Les peines édictées à l’article 4 sont lourdes : jusqu’à cinq années de prison, des amendes non négligeables et la privation des droits civiques, civils et de famille.
C’est en application de cet arsenal juridique, n’ayant d’autre but que de réduire au silence et d’éradiquer l’action communiste que Maurice Romagon, conseiller d’arrondissement et secrétaire de la fédération de l’Aube du PCF fut arrêté au printemps 1940 et condamné à six mois de prison et mille francs d’amende pour « propagation de mots d’ordre de la IIIe Internationale et détention de tracts ». Il s’évada en juin 1940 de la prison de Dijon mais sera de nouveau arrêté chez lui le 13 octobre 1940 et écroué. Les Allemands le fusillèrent à Clairvaux le 7 mars 1942.
Edition clandestine
L’association CEMOA(2) a retrouvé l’an dernier aux Archives départementales 11 numéros clandestins de La Dépêche de l’Aube sur une période allant de novembre 1940 à fin 1941(3). Malgré la répression féroce, les arrestations, les emprisonnements et internements de ceux qui se faisaient prendre, La Dépêche, sous des formes et à un rythme imposé par les circonstances n’a jamais cessé de paraitre.
S’il en était besoin un rapport des Renseignements généraux de Troyes(4), d’avril 1946, destiné au Préfet de l’Aube en atteste : « Pendant l’occupation allemande, « La Dépêche de l’Aube » a été distribué mensuellement et clandestinement sous forme de tract, aux membres du parti. Son format était de 21 x 31. Ce tract était ronéotypé en rouge ou noir ».
La Libération approchant la fédération de l’Aube se réorganise clandestinement et sans perdre un jour crée les conditions de la reparution de son journal au grand jour. Contrairement aux quotidiens, notamment La Tribune de l’Aube et Le Petit Troyen, qui ont sombré dans la collaboration et dont les biens seront saisis par décision du Comité Départemental de Libération (CDL),
Au grand jour
La Dépêche de l’Aube est le seul journal à pouvoir conserver son titre. La Libération de Troyes intervient les 25 et 26 août 1944. La Dépêche reparait dès le samedi 9 septembre 1944 (nouvelle série n°1). Elle comporte 2 pages, le papier est contingenté, et dans un premier temps son rythme est hebdomadaire. Mais dès le n°3, du 23 septembre, « un écho » indique « des lecteurs nous demandent pourquoi nous ne sommes pas quotidiens ».
La Région Auboise du Parti communiste y est prête et en a fait la demande au CDL mais se heurte à des difficultés. (A suivre).
(1) Journal Officiel, Lois et décrets, 27 septembre 1939, p. 11770.
(2) Collectif d’Etudes du Mouvement Ouvrier Aubois. asso.cemoa@gmail.com
(3) AD10 cote 100W12 – Article dans le n° 3 d’Etudes & Documents (CEMOA) en ligne www.calameo.com.
(4) Archives départementales de l’Aube.
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