La grenouille qu'on voulût faire aussi grosse que le boeuf. Le boeuf exhibé depuis le pré de l’Élysée n'est en réalité qu'une grenouillette fluette. Je veux parler du portehélicoptère Tonnerre, qui n'est pas un navire-hôpital* mais un bateau de guerre multifonctions (comme les couteaux suisses mais plus cher) « médicalisé ».
C'est aussi le deuxième plus gros vaisseau de la marine après le Charles de Gaulle. Autant dire qu'il coûte un bras, ne serait-ce qu'en carburant, dont le prix préoccuperait même les têtes à képis. Le Tonnerre est donc parti "soutenir" les hôpitaux de Gaza. Bien. Mais, objection Votre Honneur, la presse nous apprend qu'en l'état, il ne peut accueillir que « deux blessés très graves et deux blessés graves […] compte tenu de l’armement [sic] en ressources humaines », explique son commandant. Un détail, mais ne diton pas que le diable se cache dans les détails ? Le ministre Lecornu a annoncé qu'un autre bateau, médicalement mieux achalandé, allait voguer, ohé, prendre la relève.
Car quatre Gazaouis parmi les centaines de blessés quotidiens et des milliers depuis le début de la guerre, c'est grotesquement peu. Holà ! Ne nous égarons pas dans une comptabilité primaire, car l'essentiel n'est pas là. Comme le sont les voies de Dieu, telles sont celles de la diplomatie française : impénétrables. L'essentiel, dit Lecornu, est dans la « capacité d'entraînement » de la France pour « faire effet de levier » et « entraîner d'autres pays ». J'aurais aimé que cette « capacité d'entraînement » eût pu agir à l'ONU pour faire appliquer les résolutions votées, qu'elle pèse pour faire cesser la guerre et pour une paix juste et équitable. Mais la diplomatie petit bras de Macron et sa vision étriquée du conflit ont bien une « capacité d'entraînement ». Celle de laisser propager le feu.
* Contrairement aux écrits d'une presse mal informée, car la marine ne possède pas de navire‐hôpital.
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