50% environ des femmes invitées à se faire dépister y renoncent. Pourquoi ? Les femmes qui vivent dans la précarité quotidienne, celles qui doivent se battre pour assurer une vie décente à leurs enfants, celles qui sont socialement isolées, celles qui vivent dans un désert médical et qui donc n'ont pas de suivi médical ou sont loin d'un cabinet de radiologie, ont un faible recours au dépistage. Et l'on sait que plus tard est diagnostiqué le cancer du sein, plus les chances de guérison ou de survie s'éloignent. Ce sont donc surtout les femmes les plus défavorisées qui en meurent.
14% des femmes ayant subi une ablation du sein totale ou partielle renoncent à la chirurgie reconstructrice. Pourquoi ? À cause des dépassements d'honoraires, car la chirurgie reconstructrice est de plus en plus rare à l'hôpital public et très chère dans le privé.
Et que dire des soins « supports », c'est-à-dire de ceux qui sont nécessaires pour soulager la douleur postopératoire, pour supporter le trauma de l'ablation, et des accessoires nécessaires pour continuer sa vie sociale ? Crèmes antidouleur, séances de kiné et de psy, perruques, prothèses, soutien-gorges spécifiques, ont été chiffrés par la Ligue, après remboursement par la Sécurité sociale, à 1 391€ par an en 2015. Huit ans après et avec l'inflation... Autant dire que faute de pouvoir assurer un retour acceptable à la vie sociale et au travail, les femmes déjà touchées par la pauvreté vont tomber dans une pauvreté plus grande encore.
Le 4 février 2021, E. Macron avait annoncé un grand plan décennal de lutte contre le cancer incluant les soins supports. Que dira son gouvernement lorsque Fabien Roussel déposera en novembre une proposition de loi pour que tous les frais annexes mais tellement nécessaires imputés aux femmes soignées pour un cancer du sein soient pris en charge à 100% par la Sécurité sociale ? Soins « socio‐esthétiques », disent-ils aujourd’hui. Nous disons : justice sociale.
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