Le 20 août dernier, au terme d’un marathon de dix ans et d’un référendum jugé historique, les Équatoriens ont voté à 59% pour l’arrêt des forages pétroliers au sein d'un parc national Yasuni, au nord-est du pays. Cette décision laissera dans le sol près de 12% de la production nationale, mais préservera l’un des endroits les plus riches de la planète en matière de biodiversité. Et consolide le droit des peuples autochtones.
Dans nos sociétés modernes, la propriété octroie au détenteur et lui bétonne le droit d’user d’une chose ou d’une ressource, d’en accaparer les profits, d’en disposer sans limites. La propriété, depuis longtemps totémique, est le fondement du mode de production capitaliste, avec ses deux valets de pied : productivisme et consumérisme. Il apparaît donc incontournable de questionner sérieusement notre rapport à l’appropriation des choses et du vivant. Et de substituer à l’opposition manichéenne et binaire ; « pour ou contre » la propriété, les questions suivantes : quelle propriété ? pour quel usage ? L’histoire nous apprend que la notion de propriété, loin d’être figée, a déjà revêtu de nombreuses formes. Face aux logiques d’appropriation marchande, il faut repenser ce concept sur des bases sociales, écologiques et démocratiques. Il existe déjà des moyens de s’attaquer à l’accaparement et aux projets "écocidaires" : en donnant des droits à la nature, en rachetant collectivement des terres ou en les occupant ; moyens que le pouvoir fait, sans surprise, disjoncter ou criminalise.
Il y a aussi la remunicipalisation des communs… Ainsi posée sur le socle de l'action citoyenne directe et de la réflexion collective, une propriété d'un type nouveau peut émerger pour lutter efficacement contre les accaparements qui gonflent toujours plus l'ampleur d'un inéluctable, et peut-être irréversible, éclatement.
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