L’Unità du 27 juin 1971, alors organe du PCI, titre pleine page " Un serviteur des nazis ". Dans l’article : " L’actuel secrétaire du MSI*, G. Almirante, qui maintenant se rince la bouche quotidiennement avec un discours 'patriotique' et 'national', a été un laquais des nazis envahisseurs de notre pays ". Et de rappeler qu'il a signé l'ordre de massacrer ceux qui refusaient en juin 1944 de rallier la dernière armée mussolinienne de Salò : 83 mineurs de Massa Marittima accusés de collaboration avec « les bandits partisans » furent fusillés dans le dos, comme Mussolini l'exigeait. C'est encore lui qui fut rédacteur en chef de La Défense de la Race dès1938. Un beau pedigree qui ne l'empêcha pas d'être élu 11 fois député de 1946 à 1987. Et le voici aujourd'hui objet d'un scandale dans la ville toscane de Grosseto : la coalition réactionnaire du Conseil municipal a décidé de donner son nom à une rue nouvelle, et, pour faire bon poids, celui de E. Berlinguer à une rue adjacente, les deux rues aboutissant dans la rue de la Conciliation. Depuis 2018 le parti de G. Meloni, FdI, issu du MSI, réclamait une rue au nom d'Almirante dans cette ville. Malgré des mois de pétitions et de manifestations, le Conseil l'a fait, avec Bella Ciao entonné par les membres de l'Association nationale des partisans italiens sous les fenêtres de la mairie.
L'idée d'une équivalence entre un fasciste froid de la République de Salò et un dirigeant communiste charismatique qui a participé à la lutte antifasciste ne pouvait naître que chez des gens d'extrême droite, suivant peut-être la résolution européenne de septembre 2019 qui associe nazisme et communisme. En France, exception culturelle, ce sont des gens qui se prétendent de gauche qui font injure aux résistants communistes.
* Mouvement social italien, héritier du mouvement fasciste, fondé en 1946 par Almirante.
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