Le 26 août a été célébrée la Libération de Romilly-sur-Seine, en 1944, par un groupe de reconnaissance de la 5ème division US d'infanterie qui remontait en direction de Sézanne et Reims pour participer à la bataille des Ardennes. Le 70ème anniversaire avait donné lieu à un charivari d'engins d'époque crissant, fumant et hululant, mais ripolinés de frais et charriant des accoutrés du temps. Oh ! La belle automitrailleuse ! Les drapeaux, en la circonstance, ondulent en haut des mats. Le drapeau soviétique, non.
Les historiens américains eux-mêmes admettent que sans la gigantesque offensive lancée le 22 juin sur le front est par Staline, les alliés étaient exposés à un quasi-certain - et bien plus catastrophique - scénario de Dunkerque. Ce n'est ni la météo, ni d'autres causes qui ont fixé la date du débarquement, mais la certitude du déclenchement d'un engagement massif soviétique à l'est. L'histoire est en l'occurrence reformatée pour la plus grande gloire d'un pays entré en guerre contre son gré (1941) et dont le Président, Roosevelt, isolationniste, encourageait cyniquement les américains à rester neutres « en actes » mais pas en « pensées ». Plagiat de son prédécesseur Wilson en 1914.
On évalue entre 22 et 27 millions, les pertes humaines militaires et civiles de l'Union Soviétique lors de la Seconde guerre mondiale (entre 13 et 16% de la population de 1939). États-Unis : 418 500, 0,32% de la population. Comptabilité macabre qui met en perspective l'insulte faite à un peuple fauché par les balles, écrabouillé par les bombes : à Boris, à Evguénia... à qui peut-être plus que tous autres, nous devons notre « Liberté chérie ».
Chaque 26 août à Romilly, on tue des morts une seconde fois, recreuse la fosse commune pour que, des limbes de l'Histoire, ne resurgissent pas Boris et Evguénia.
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