Une petite ville des Cévennes, Les Vans, vient faire parler d'elle. Le Conseil municipal mettra fin le 31 août à la délégation de service public qui existait depuis vingt ans pour la gestion du cinéma. Le délégataire, qui avait réussi à obtenir le label Art & Essai pour ce cinéma rural, proposait une programmation ambitieuse qui avait trouvé son public. Mais il restait parfois un pop-corn sous les sièges... En conséquence, le Conseil adjugea la DSP à deux hommes ne connaissant rien au cinéma ni aux réseaux de distribution, mais dont l'un possède une entreprise de nettoyage. Bon, cet entrepreneur ne va pas au cinéma, il n'a pas le temps - « Je travaille, moi » -. Mais comme l'a dit un conseiller municipal, conscient du fait qu'on confiait ce cinéma à des gens qui n'ont aucune compétence dans ce domaine : « Il faut faire confiance aux jeunes ! »
L'incompétence, si elle nuit au résultat, ne nuit pas toujours au recrutement : faute de postes pourvus, des enseignants vacataires sont recrutés sans que la compétence pour la matière soit obligatoire : un diplômé de français peut faire l'affaire pour enseigner la philo, une diplômée de sciences de l'éducation pour l'histoire-géographie... l'essentiel étant d'occuper les élèves. Le fameux « pacte » proposé aux professeurs par l'ex ministre de l'Éducation nationale prévoit d'ailleurs que le professeur qui l'a signé ne peut plus refuser un remplacement, dans la même matière ou non, sauf s'il peut faire valoir un motif légitime d'absence. Sans oute E. Macron a-t-il montré la voie en nommant à l'Économie et aux Finances un énarque agrégé de lettres (très) modernes, B. Le Maire. Il était sûr ainsi d'être obéi car l'incompétence rend redevable et le Président, qui aime la griserie du pouvoir, s'est entouré de redevables. Alors, soyons modernes, exigeons notre bilan d'incompétence !
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