La vie des femmes afghanes se réduit un peu plus tous les mois ; cette fois-ci ce sont les salons de beauté qui doivent fermer, sans justification officielle, est-ce bien nécessaire ? À partir de 13 ans la femme afghane ne peut plus étudier, ne peut plus rien faire, même dûment enveloppée, sans être accompagnée d'un homme. Les seuls métiers encore accessibles étant – on n'est jamais assez prudent – infirmière et médecin, mais même celles qui travaillent doivent avoir une autorisation écrite pour aller faire des courses. Pour les autres, l'intérieur de la maison. Aussi les experts de l'ONU parlent-ils de « l'existence d'un système accéléré, systématique et global de ségrégation, de marginalisation et de persécution [des femmes]. » Pour la présidente d'ONU Femmes France, il s'agit même d'une « mise à mort des femmes d'Afghanistan », puisque le taux de suicide et les dépressions chroniques sont en hausse.
Pourtant, qui se souvient encore en France du dernier président de la République d'Afghanistan, Mohammad Najibullah* ? Il avait créé en 1987 le Conseil des femmes d’Afghanistan, une organisation de plus de 100 000 membres dont 28 000 intellectuelles chargées d’assurer l’éducation, la formation et le combat idéologique des femmes. Il était communiste et fut assassiné en 1996 par les Talibans, formés, armés et soutenus par les USA et le Pakistan. Il s'était réfugié, dès la chute de Kaboul en 92, dans le bâtiment de l'ONU et, pendant quatre ans, l'ONU eut beau appeler à l'aide pour le sauver, les USA préférèrent financer les Talibans, et d'autres islamistes. Il faut dire que les Américains soutenaient alors, avec la Banque Asiatique de Développement, un projet de gazoduc qui devait passer par l'Afghanistan et relier l'Inde et le Pakistan. La vie des femmes afghanes, en regard, était un non sujet.
* https://histoireetsociete.com/2021/08/20/
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