À l'heure où un président de région, L. Wauquier, se permet de couper des crédits d'institutions culturelles dont les programmations lui déplaisent, où Bolloré impose au JDD un directeur d'extrême droite pour saturer un peu plus les médias de cette idéologie populiste, il est bien que le PCF rappelle dans une adresse au ministère de la Culture le rôle de l'État, qui ne doit pas rester passif devant cette financiarisation de la culture, ni laisser cette idéologie mortifère « infuser sans le débat public » via tous les médias qu'elle possède, car cela met en danger la République et la démocratie, dont l'État est le garant.
Dès le lendemain de sa victoire électorale, G. Meloni a commencé à investir la « société civile » qui regroupe des institutions culturelles. L'audiovisuel public, la RAI, est depuis mai aux mains d'amis sûrs. Les directeurs non-italiens d'opéras ou de musées doivent désormais laisser la place à des Italiens incompétents dans ces domaines mais aux ordres de Meloni. Trois Français, un Allemand et un Anglais sont ainsi remerciés. Le Centre Expérimental de Cinématographie italien, l’une des plus anciennes écoles de cinéma du monde avait jusqu'ici un comité scientifique indépendant et non rémunéré, composé de quatre membres élus : il sera désormais composé de six membres nommés par quatre ministères, à la main de Meloni. Les étudiants occupent depuis fin juillet les locaux et les réalisateurs italiens dénoncent cette brutale prise de pouvoir. L'État ne sera donc plus garant mais commanditaire.
Pour Gramsci, après la société politique, la société civile est le second lieu de pouvoir de l'État ; elle permet de diffuser l'idéologie et d'obtenir l'adhésion de la population, la fameuse hégémonie culturelle. G. Meloni a bien retenu la leçon. Nous aurions tort de regarder ailleurs.
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