Le drame du submersible qui a plongé pour un périple sans retour dans les ténébreuses abysses qui sont le linceul du Titanic a fait la une de l'actualité. Il était assuré que, seulement quelques heures après la perte de contact, l'épilogue de la tragédie était malheureusement joué. Le « voyeurisme » médiatique, collé aux trous de serrures des drames privés, pose déjà à lui seul, et avec une croissante acuité, un problème d'éthique.
Le respect dû aux morts ne saurait pas pour autant mettre sous l'étouffoir une autre question. De quoi s'agissait-il en l'occurrence ? D'une entreprise privée qui vend du « tourisme » élitiste à des nantis en mal de frissons. L'espace circumterrestre est aussi dans l'éventaire de ces « agences de voyages » pour « happy few* ». Mais quel sera le coût des recherches pour les forces publiques qui ont déployé des moyens importants et de haute technicité ? La note va, comme l'eau de mer, être salée. C'est une illustration de la partie de dés pipés entre secteurs privé et public, où le premier rafle en la décuplant sa mise initiale et le second paie les coups ratés.
Dans les secteurs, sensibles, du nucléaire ou du ferroviaire, par exemple, aux mains d'opérateurs privés, que se passe-t-il en cas d'accident ? On le sait depuis celui, en 1979, de Three Miles Island, centrale nucléaire privée, où l'État de Pennsylvanie et le gouvernement fédéral US ont payé le nettoyage du pipi radioactif de chat. Ce triste fait divers, monté en épingle pour faire vibrer nos cordes émotives et compassionnelles, a en filigrane un aspect politique, une empreinte gravée en creux. Les dérégulations, privatisations… tout le registre des « combinazioni » du capital, se font toujours avec en contre-champ l'affaiblissement financier de la puissance publique. Ainsi fait-on couler les États.
(*) Anglicisme littéralement traduisible par « les quelques heureux » qui a pris de le sens « rares privilégiés ».
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