D'un Président aussi mal élu, équipé d'une majorité aussi peu majoritaire, il faut s'attendre à tout. Et notamment au pire, ce qu'a démontré la dernière période. L'adoption en 1962 de l'élection du Président au suffrage universel direct a considérablement amoindri le rôle des assemblées et la Constitution de 1958, au fil des révisions, dérivé vers une prépondérance accrue du chef de l’État au détriment du pouvoir législatif que 1789 avait conçu comme le coeur du fonctionnement démocratique de la Nation. Pour la réforme des retraites, le recours aux arguties, à l'obstruction, aux tractations d'arrière-cour et à d'obscurs articles, aussi déplorable et, surtout, dangereux soit-il, était un passage – en force – obligé pour le pouvoir.
Malgré cela, une belle leçon. Celle d’une lutte victorieuse, message magnifique, montre le chemin à toutes celles et tous ceux qui cherchent une voie et parfois se désespèrent. Un accord a été obtenu chez Vertbaudet après cette bataille déterminée : entre 90 et 140 euros d'augmentation et l’embauche d’une trentaine d’intérimaires. La direction s’obstinait dans le refus, le mépris, l’insulte, la pression et l’intervention des forces de police face à des salariées qui, pour la plupart, n’avaient jamais fait grève. Et pourtant, il suffisait de regarder certains chiffres du bilan de l’entreprise : la marge nette est passée de - 0,7%, en 2018 à + 3,6%, en 2021 ; la valeur ajoutée de 49,7 millions, en 2018 à 56,6 millions, en 2021 et, sur la même période, la part des salaires a baissé de 15,6% à 12,1%. Ce qui n’était pas possible il y a un mois l’est devenu après cette confrontation exemplaire qui laissera des traces. Le vert n'est-il pas la couleur de l'espoir ? Les conquis de haute lutte des Vertbaudet sont le signal, malgré l'opiniâtre et farouche adversité, que tout reste possible.
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