Celles et ceux qui avaient encore un doute sur la sincérité des propositions de la candidate d’extrême droite, concernant le retour de l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans, ont eu droit à une réponse limpide. Depuis 2012, afin de mieux coller à l’électorat populaire tenté par le vote RN, Le Pen avait fait du départ à la retraite à 60 ans un des marqueurs sociaux importants de son projet politique ; dans son projet 2022, présenté jeudi dernier il n’est fait nulle mention de l’âge légal, aujourd’hui fixé à 62 ans. Il ne sera possible de partir à 60 ans à taux plein qu’à deux conditions : avoir commencé à travailler entre 17 et 20,5 ans, et avoir cotisé et validé 40 annuités. Pour la tranche suivante, ceux qui ont commencé à travailler entre 21 et 24,5 ans, la cheffe du RN propose « un système progressif de 160 à 168 trimestres de
cotisations » pour un départ entre « 60, 75 et 62 ans ». Pour les autres, les 42 années de cotisations seront maintenues et l’âge effectif de départ à la retraite monterait donc à 67 ans.
La proposition phare du RN n’aura donc pas survécu longtemps à la bataille qui se joue à droite et à l’extrême droite entre la cheffe du RN, Zemmour et Pécresse. Cette dernière annonce un âge légal de 65 ans, quand l’exchroniqueur du Figaro parle de 64 ans. Dans cette course à
l’échalote, Le Pen a été critiquée jusque dans son camp pour des positions jugées bien trop « sociales », notamment de la part de l’aile ultra libérale et conservatrice qui refuse ce que ses partisans nomment le « national-populisme ». C’est cette fraction du RN, politiquement plus encline à l’union des droites, qui a pour partie rejoint Zemmour. Jeudi, Marine Le Pen a ponctué son laïus d’une formule traditionnelle du
RN : « Je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai pas. ». La trahison est déjà en route.
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