Troyes - précarité
Madame P. habite à Troyes rue Blanchard dans un HLM du siècle dernier. Sa pension lui permet de rester aux alentours du seuil de pauvreté. Elle est tenue au strict minimum pour vivre. Son seul luxe la télé.
Elle est tenue au strict minimum pour vivre. Son seul luxe la télé. Elle circule dans son 2 pièces en poussant son déambulateur. Mais le modernisme rôde dans le quartier. On y installe la 5 G. Suzanne ne la sollicite pas, elle n’a d’ailleurs pas d’ordinateur. Mais un beau matin, elle veut appeler l’ASIMAT qui lui apporte ses repas. Plus de téléphone ! Elle s’affole. A t-elle bien payé ses factures ? Les pauvres ont ceci de particulier, quand une tuile leur tombe sur la tête, ils se demandent toujours s’ils doivent quelque chose. - Oui, elle a payé puisqu’elle est prélevée.
Un ami communiste interroge Orange, son fournisseur. La réponse tarde. Un employé demande d’abord si Mme P. n’aurait pas sollicité un autre fournisseur. Les vieux sont si fragiles. Ils disent oui pour un oui pour un non. Auquel cas, « ma vieille » adressez vous à SFR ou autre… Non, affirme Suzanne, je n’ai rien demandé. J’ai toujours été France - Télécom…
L’attente se prolonge plusieurs jours quand on apprend enfin que la ligne a été « écrasée » ce qui veut dire qu’un concurrent d’Orange a piqué la ligne de Suzanne. C’est courant. C’est la concurrence. C’est la guerre. Un nouveau téléphone est consenti, nouveau numéro, nouveau boîtier.
Suzanne en colère veut maintenant payer facture en main, puisqu’ Orange n’est pas capable de garantir le service public. Mais fin décembre elle prend du retard pour payer. Rappel. Suzanne paie hors délais.
La sanction tombe, on coupe la ligne avec injonction de rendre son boitier téléphonique et menace d’amende de 100 €. Une facture supplémentaire de 49,87 € lui est réclamée. Pour coupure ! Voilà la frêle Suzanne devenue perturbatrice du système qui compte 266 millions de clients.
Notre camarade téléphone, écrit, agite la ville, le département et l’Orange local. Fin janvier Orange (1) consent à régler la situation et à ouvrir une ligne autour du 7 février, avec un contrat adapté.
La Dépêche suit l’affaire. Elle ira vérifier.
Laisser pendant toutes ces semaines une vieille dame handicapée sans téléphone, n’est-ce pas une faute de la part d’Orange, service public ? Ne peut-on parler dans ce cas de non assistance à personne en danger ?
(1) En réalité une employée plus sensible que d’autres.
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