ZÉRO POUR LES SALAIRES
Qui a dit que la lutte des classes était depassée !

ZÉRO POUR LES SALAIRES

7 janvier 2022
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Smic – pouvoir d’achat

Alors que les prix continuent de grimper allègrement et que l’inflation s’affiche à près de 3 % en 2021, la hausse automatique du salaire minimum a été fixée à 0,9 %. Pas de « coup de pouce ». Juste une aumône, qui constitue une fois encore un scandale. Doublé d’une honte :

Pas un mot d’Emmanuel Macron sur le sujet, lors de ses voeux aux Français. Plus grave, à en croire le chef de l’État, la France se porterait mieux qu’il y a un an, deux ans. Mais de quoi parle-t-il, en tentant de dessiner un paysage surréaliste d’« optimisme » et de « tolérance » qui tranche tant et tant avec celui qu’il nous propose depuis cinq ans ?

La réalité est que pendant qu’une grande partie de nos concitoyens crèvent de ne pas boucler les fins de mois, de ne pas se chauffer et de ne pas manger dignement, toute la presse économique vient de sabrer le Champagne unanimement. Le CAC 40 a achevé 2021 sur une progression de près de 30 %, du jamais-vu depuis plus de vingt ans. Les 500 plus grandes fortunes françaises détiennent désormais 47 % du PIB national, contre 6 % il y a vingt-cinq ans. La théorie du ruissèlement chère au Président de la République fonctionne à merveille. Mais pas pour tout le monde…

En France il y a plus de 2 millions de salariés payés au smic. Mais se sont plus de 12 millions de travailleurs qui sont payé à peine plus que le salaire minimum. Pourtant Les arguments en faveur d’une franche augmentation du smic et de l’ensemble des salaires ne manquent pas.

Une question de justice sociale

E. Macron se sera fait le champion des diagnostics jamais suivis d’effet. « Il faudra nous rappeler que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal ! » lance-t-il le 13 avril 2020, en hommage aux travailleurs montés au front pendant le confinement.

Huit mois plus tard, un rapport de France Stratégie sur les « seconde ligne » confirme ce constat. Oui, ces professions sont surreprésentées chez les salariés payés jusqu’à 1,05 Smic. Y figurent notamment 567 000 aides à domicile et aides ménagères ; 307 000 caissières ; 123 000 agriculteurs et éleveurs ; 1,3 million d’agents d’entretien ; 218 000 agents de gardiennage et de sécurité…

Depuis, le gouvernement a bien incité les branches professionnelles correspondantes à signer des accords visant à revaloriser les salaires, mais seule une poignée a joué le jeu (propreté, commerce de détail, sécurité…), en accordant de maigres augmentations vite rognées par l’inflation. Comment peut-on féliciter des travailleurs, au nom du caractère « essentiel » de leur tâche, tout en leur refusant ensuite la rémunération qui leur permettrait d’en vivre décemment ?

Pour réduire les inégalités homme-femme

E. Macron entendait faire de l’égalité entre les hommes et les femmes la « grande cause » de son quinquennat. La hausse du Smic, dont il ne veut pas entendre parler, constituerait pourtant un levier de choix. Une tribune parue en février 2021 dans Alternatives économiques, rappelait quelques chiffres marquants : 59 % des salariés concernés par une hausse du Smic seraient des femmes, selon le ministère du Travail, alors qu’elles ne représentent que 44 % de l’ensemble des travailleurs du secteur privé. 13 % des femmes vivent avec le Smic, contre 5,5 % des hommes. Même à emploi similaire, la probabilité pour elles d’être rémunérées sur la base du salaire minimum est 1,7 fois supérieure à celle des hommes…

Pour rendre plus attrayants des métiers désertés

Depuis des mois, les patrons se lamentent sur leurs difficultés de recrutement. Un problème réel : de plus en plus de salariés boudent les métiers dits en tension dans un grand nombre de secteurs – aide à domicile, routiers, serveurs… Faut-il s’étonner du fait qu’il s’agisse, bien souvent, de professions sous-payées ?

Et remplir les carnets de commande

En règle générale, patronat et libéraux considèrent l’augmentation des salaires sous le seul angle de la hausse des coûts pour les entreprises. Mais, si on se place d’un point de vue macroéconomique, il faut tenir compte également des effets positifs d’une hausse du pouvoir d’achat : si la consommation augmente, les carnets de commandes des entreprises se remplissent, et elles embauchent davantage.

Par ailleurs, les salariés les moins payés sont aussi ceux qui ont la propension marginale à consommer la plus forte : comme ils n’ont pas les moyens d’épargner, la quasi-totalité de leurs revenus sont dépensés contrairement aux plus riches.

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