Au moment où le Conseil municipal de Troyes vote un soutien financier à l’hôpital de Troyes de 400 000 € afin d’augmenter sa capacité d’accueil, actant ainsi les désengagements de l’État en la matière, des centaines de soignants ont défilé dans les principales villes Européennes pour exiger un meilleur accès au soin.
Des pertes de chance aux inégalités vaccinales, le Covid a renforcé les disparités partout dans le monde. Que la ville de Troyes investisse 400 000€ pour le quasi doublement du nombre de lits au service réanimation de l’hôpital résonne en quelques sorte comme un symbole du désengagement de l’Etat et du système capitaliste en général concernant l’accès à la santé.
La conseillère municipale, Anna Zajac n’a pas manqué de le faire remarquer à François Baroin lors de la réunion du Conseil municipal de cette semaine.
Les faits sont têtus
La pandémie a révélé les dégâts causés dans l’hôpital public par l’austérité budgétaire et par l’introduction de gestions inspirées des critères capitalistes et ce depuis des dizaines d’années.
La crise épidémique de la Covid 19 a mis en lumière les béances de la politique hospitalière française. L’impossibilité de trouver des lits disponibles n’est pas le résultat de l’épidémie mais bien la preuve de l’inefficacité des politiques mises en oeuvre depuis le début des années 2000. Entre 2006 et 2016, c’est en France que la diminution du nombre de lits a été la plus importante, plus de 100 000.
Dans un contexte difficile, la loi de financement de la Sécurité sociale prévoit encore quatre milliards d’économies imposées aux hôpitaux publics et encore des fermetures de lits.
Tandis que les déprogrammations d’interventions (notamment en oncologie) ont entraîné la mort de nombreuses personnes victimes collatérales de la Covid, ce gouvernement, comme les précédents semble tout faire pour éviter que les personnes malades viennent se faire soigner dans les établissements de soins publics.
Le Premier ministre ne déclarait-il pas récemment : « le mieux si l’on veut aider l’hôpital c’est de ne pas tomber malade ». Face à tant de cynisme, il est temps de faire évoluer radicalement la politique de santé.
Il apparaît donc primordial, indispensable pour définir l’hôpital public d’aujourd’hui et de demain de revoir son financement, repenser son organisation, attirer les personnels par de meilleures rémunérations et redéfinir la place de l’hôpital dans le système de santé.
Comme l’ont rappelé les soignants qui ont manifesté samedi : ils ne veulent pas être qualifiés de producteurs de soins. Il faut arrêter de fermer des lits et l’Etat doit sortir le carnet de chèques.
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