Dimanche 2 mai sur RAI 3, dans l'émission Che tempo fa, Roberto Saviano* a fait une leçon magistrale sur ce que nous enseigne l'immigration dans le sud de l'Italie, là où elle est la plus nombreuse et où des mafieux font régner la terreur, en rackettant les employeurs, et en tirant à vue sur les travailleurs migrants qui dénoncent leurs conditions de travail dans les champs et leurs conditions de vie dans des baraquements insalubres. Sans ces migrants l'économie et la table italienne seraient sans doute différentes car ils récoltent les olives et assurent l'approvisionnement en fruits et légumes d'une grande partie de l'Italie, pour un salaire horaire d'environ 3,50 € dont une bonne partie est prélevée pour « hébergement et nourriture » **
Mais, comme le disait Saviano à l'occasion des manifestations du 1er Mai, ce qu'ils font en dénonçant leurs conditions d'exploitation, au péril de leur vie, c'est en fait se battre pour l'ensemble des travailleurs et ils nous rappellent ce faisant que les droits du travail déjà acquis ne valent que s'ils sont partagés et surtout défendus par tous, sinon ils seront détruits un par un par les serviteurs du capital; et ce ne sont pas les attaques actuelles du gouvernement contre les allocations chômage et contre les retraites qui vont le démentir !
* Roberto Saviano a publié en 2006 Gomorra, qui mettait à nu le système économique et social de la mafia napolitaine, la Camorra. Depuis il vit sous protection policière.
* * A propos de nourriture, en 2019 un exploitant - c'est le mot juste - de la région de Tuscania (Latium) avait été pris en flagrant délit de maltraitance de ses employés migrants : l'un d'entre eux s'était présenté à l'hôpital pour une hémorragie stomacale ; l'hémorragie était due à des os broyés contenus dans la pâtée pour chien qui leur était donnée en guise de repas.
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