L’indispensable affirmation du communisme

9 avril 2021
Catégorie(s) :

Par Yvon Quiniou, Philosophe

La situation politique est compliquée pour les communistes, alors que des élections importantes approchent, et ce pour une raison de fond, à la fois historique et médiatique.

Car ce qui pèse sur la conscience collective est le discrédit de l’idée communiste, dont l’origine se trouve dans ce qui s’est fait en son nom dans l’Union soviétique, qui n’était pas du communisme. Je rappelle que Marx assignait, pour le passage à celui-ci, des conditions matérielles et sociales liées au capitalisme développé, sans quoi on virait à l’utopie et son échec inévitable, ce qui s’est révélé exact. D’où une identification erronée de l’expérience soviétique avec le projet marxien, qui est entretenue scandaleusement par les médias et qui empêche de souhaiter un dépassement du capitalisme.

Il n’empêche que ce qu’il se passe aujourd’hui dans le monde le rend impératif :

Un capitalisme transnational s’impose aux peuples dans tous les domaines, les appauvrit, creuse les inégalités, crée du chômage, attaque les services publics, nous impose une « civilisation » du fric et de la consommation marchande, pollue la culture et abîme les rapports interhumains en fractionnant la société et en générant une violence inédite, y compris interreligieuse. À quoi s’ajoute une crise écologique planétaire dont tous les scientifiques affirment qu’elle menace à terme notre vie et dont la source ne se trouve pas dans les seuls comportements de consommation, mais dans la logique libérale du profit qui, par un productivisme mercantile, abîme la nature et donc l’homme qui en est une partie.

Face à cela, que devient la gauche non communiste ?

Une partie s’est convertie au libéralisme économique, perdant tout ce qui pouvait lui rester d’identité progressiste. Quant aux insoumis, ils surfent sur un populisme peu clair dans divers domaines. C’est pourquoi, face à ce délabrement idéologique de la scène politique, il nous faut revenir à l’inspiration communiste, quitte à l’enrichir, la moderniser ou même la rectifier, mais sans modifier ses principes directeurs. Je pense en priorité à la propriété collective d’une grande partie de la production, parce que c’est le seul moyen de maîtriser notre économie, de l’orienter vers des fins utiles à tous et de garantir à ses agents des conditions de travail gratifiantes et qui n’aliènent pas leur personnalité : car il ne suffit pas de supprimer l’exploitation, il faut aussi abolir l’aliénation qui les mutile. D’où le rôle que peut jouer la culture pour tirer les êtres humains vers une vie riche en besoins de qualité. Mais aussi l’éducation : il s’agit de transmettre des valeurs centrées sur l’universel, le bien de tous et le vivre-ensemble harmonieux, et, comme l’entendait Gramsci, de constituer un nouveau « sens commun » à teneur éthique.

Dans cette perspective exigeante, quelle stratégie électorale les communistes doivent-ils adopter ? L’union « à gauche » me paraît indispensable dans les élections locales et, s’agissant de la présidentielle, faute malheureusement d’une unité face à la droite, il faudra voter pour un candidat communiste, en pensant à l’avenir.

Partager l'article :

Les dernières actus

TOUT POUR LES PATRONS, RIEN POUR LES JEUNES !

Réforme des lycées professionnels Par la Jeunesse Communiste de l'Aube Après un premier essai en 2022 qui avait rencontré une forte réaction, tant de la part des personnels des lycées professionnels que des élèves, et...

CONTRE L'HOMOPHOBIE ET LA TRANSPHOBIE

Troyes Il y a 10 ans, le mariage pour toutes et tous entrait enfin en vigueur après de longues années de combats auxquels le Parti Communiste Français, premier groupe à déposer une proposition de loi...

INSUPPORTABLE

Danièle Linhart, lumineuse sociologue du travail, a fait dans le cadre de l'Upopaube deux conférences sur l'« insupportable subordination des salariés »* : à la taylorisation qui fait déjà perdre au travailleur la maîtrise de...

UN BUDGET DE VA-T-EN-GUERRE

Assemblée Nationale La loi de programmation militaire, en débat à partir de ce lundi à l’Assemblée nationale, participe de l’inflation mondiale des dépenses militaires, particulièrement élevée sur tout le continent européen, entamée avant la guerre...
1 2 3 223

Vous ne voulez rater aucun numéro de la Dépêche ?

Abonnez-vous, vous recevrez chaque numéro dans votre boîte aux lettres.
Je m'abonne

© 2023 - La Dépêche de l’Aube

Création : Agence MNKY

magnifiercrossmenuchevron-down
linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram