Franchement, il n’était pas terrible ce calendrier de l’avent. Déprime hivernale ? Même pas, mais plutôt le regard froid et lucide sur une période d’ombres et de brouillards persistants. Dans chaque case, plutôt que des douceurs sucrées, 2024 aura livré son lot amer de mauvais coups. C’est pas nouveau, direz-vous. Non, mais voilà qui dure et s’accélère, s’enracine et fait hululer les vents noirs. Il est toujours trop tôt, ou bien souvent déjà trop tard, pour prédire l’avenir et les conséquences d’une année sombre, l’enchaînement inéluctable des mécaniques du désastre à l’oeuvre. Encore moins pour imaginer ce que demain fera de ces guerres à nos portes, des choix populaires piétinés, des violences et de la pauvreté. 2025 s’annonce à peine qu’on la redoute déjà. « La bêtise insiste toujours », disait Camus.
Il faut se méfier des épines sous le sapin, des résolutions entre huîtres et dinde. La réalité nous reviendra bien assez vite, dans son lit de misères et d’incertitudes. Personne ne croit plus au Père Noël, ni que la planète ira mieux demain, mais autant n’y pas penser quelques jours. Vivre un peu en théorie « car en théorie tout se passe bien », comme le remarquait Desproges. Il ne s’agit pas là d’oublier, juste de se refaire, un peu, une santé. « Trêve des confiseurs » après avoir chauffé à blanc un consumérisme compulsif. La guerre n’est pas loin, des milliers de personnes sont plongées dans le froid
et l’obscurité, nombreuses sont les familles qui ont réduit leur budget cadeaux, et, plutôt que Noël, ont fait carême. Cela fait des quinquennats que nous nous souhaitons le meilleur après des années qui nous ont apporté leur lot de désillusions et de déboires, sociaux, politiques, climatiques. Faisons en sorte de démentir Ambrose Bierce* pour qui l’année « est une période de trois cent soixante-cinq déceptions ». Tous mes voeux, mais pas mes voeux à tous.
* Ecrivain et journaliste américain (1842 – 1914).
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