Politique
Si le Président de La République temporise depuis plus de sept semaines sur la nomination d’un premier ministre, c’est qu’il tente de faire passer en force le budget austéritaire que le gouvernement démissionnaire prépare en cachette. Ce petit jeu, c’est en fait une lutte orchestrée par les milieux de la Haute finance pour conserver le grisbi et faire payer les classes populaires. C’est la lutte des classes.
Le Nouveau Front Populaire souhaite augmenter les recettes en faisant contribuer les plus riches et les entreprises. Une perspective refusée par les marconistes, qui conspuent tout nouvel impôt. Les députés LR, sur la même ligne, défendaient même avant la dissolution, des économies supplémentaires de 25 milliards d’euros. Une ligne qui ne serait pas loin de plaire à l’extrême droite qui pourrait envisager un pacte de non-agression dans le cadre d’un gouvernement de ce type.
Impasse politique
Des finances publiques au rouge et, pour seul remède, des coupes drastiques dans les dépenses, qui virent au cauchemar. Telle est la lettre et l’esprit de la note de Bercy rédigée par le ministre démissionnaire Bruno Le Maire. Elle est un condensé de tout ce qu’il ne faut plus faire. Et pourtant le ministère de l’Économie s’obstine à reproduire à l’identique des réponses qui conduisent à un abîme : le déficit public pourrait totaliser 5,6 % du PIB en 2024.
Plus grave encore, les argentiers de ce pays auraient surestimé les recettes fiscales de près de 30 milliards d’euros. Le marasme économique – et ses terribles conséquences sociales pour les Français – est finalement très révélateur de l’impasse politique provoquée par Emmanuel Macron.
Toute honte bue, celui qui tient les cordons de la bourse depuis sept ans ose se défausser de ses responsabilités en imputant aux collectivités locales le dérapage des comptes publics alors que leur dette est minime.
Bruno Le Maire persiste et signe : il n’y a pas d’alternative à l’austérité, et il préconise, une fois encore, de taper dans les budgets de la santé, ou encore de la culture, pour « économiser » 16 milliards. La bonne vieille méthode de la saignée, en somme, que le prochain premier ministre devra appliquer le doigt sur la couture du pantalon. Mais de qui se moque-t-on ?
Crise économique et impasse politique sont étroitement liées
Ces orientations thatchériennes ont été sévèrement sanctionnées en 2022, infligeant à Emmanuel Macron une minorité présidentielle dont il ne s’est jamais remis. La claque aux européennes de 2024, son score aux législatives devraient conduire le camp présidentiel à changer de logiciel. La « clarification » tant souhaitée par le président a placé le Nouveau Front populaire en tête du scrutin et ce n’est pas un hasard. La gauche a défendu et défend une relance économique qui ne pénalise pas les Français mais qui, au contraire, table sur l’augmentation des salaires pour relancer la consommation et la production.
Le locataire de l’Élysée refuse de voir une issue en la nomination de Lucie Castets à Matignon et de créer les conditions d’un pacte de législature stable et audacieux, y compris pour l’économie française.
L’attente dans laquelle il enferme la France est insupportable ; elle est un non-sens qui ne peut que bénéficier à l’extrême droite. À moins que ce soit la planche de salut d’une Macronie qui ne sait plus à quel diable se vouer pour conserver le pouvoir.
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