Aube - Social
Par Camille Lainé
Les départs en vacances, marqueurs d’inégalités sociales ? En ce mois d’août, déjà particulier avec les Jeux Olympiques, les médias donnent l'impression que toute la France est en vacances. Ce n’est malheureusement pas le cas …
Près de la moitié des Français (46%) ne partent pas en vacances. 88 ans après la conquête sociale des congés payés suite au mouvement de grève de 1936 et au Front Populaire, force est de constater que le droit aux vacances n’est toujours pas une réalité dans notre pays.
L’accès aux vacances d’été reste un luxe et constitue un réel marqueur des inégalités sociales en France. L’écrasante majorité des Français ne part pas pour des raisons financières, les autres raisons comme les problèmes de santé ou les raisons professionnelles arrivent loin derrière. Depuis la crise du Covid, cela empire, le contexte économique et l’inflation renforçant la précarité.
Il est d’ailleurs intéressant de noter que dans de nombreuses régions touristiques, notamment la Côte atlantique, le taux de fréquentation a beaucoup baissé cet été. C’est le cas par exemple de l’ile de Ré qui enregistre une de ses pires saisons depuis des décennies.
Sans enfoncer de porte ouverte, il est également nécessaire de pointer que ce sont les plus pauvres qui partent le moins. 63% des bas revenus ne partent jamais en vacances. Le budget vacances est le premier budget sabré en cas de nécessité.
Et dans l’Aube ?
L’Aube n’échappe pas à ces constats, ils seraient même plus marqués, notre département ayant le taux de pauvreté le plus élevé du Grand Est : 16,6%. Deux quartiers de Troyes figurent dans la liste des 20 quartiers les plus pauvres de France. La population la plus précaire de notre territoire n’a donc pas de possibilité d’accès aux vacances.
Les jeunes, catégorie de population qui occupe le plus les emplois précaires, sont également fortement touchés.
En effet, en plus des difficultés financières s’ajoutent la précarisation de l’emploi, l’intérim, les CDD et donc l’absence de congés payés ou la difficulté pour en poser.
Les Auboises et Aubois souffrent également du manque de politiques volontaristes en termes d’accès aux vacances. Dans les villes ancrées à gauche, la solidarité, les journées à la mer, les colonies de vacances permettent d’endiguer ce sentiment d’exclusion qui malheureusement se renforce sous des gouvernances de droite.
Le droit aux vacances pour toutes et tous c’est possible !
À ce sujet là aussi, la précarité n’est pas une fatalité, la mise en place de mesures pour permettre à chacune et chacun d’accéder au droit aux vacances, c’est possible. Les communistes ont toujours porté de nombreuses propositions, qui figurent également dans le programme du Nouveau Front Populaire.
En premier lieu, indexer les salaires sur l’inflation permettrait d’augmenter le pouvoir d’achat des Français et donc de leur permettre d’accéder d’avantage aux vacances.
Il est aussi essentiel de redonner des moyens au tourisme social et aux collectivités territoriales qui permettent chaque année à des centaines de milliers de personnes de partir en vacances.
La question des colonies de vacances est également essentielle, alors que la difficulté pour recruter des animateurs est de plus en plus présente, l’inscription gratuite pour passer le BAFA serait une première solution pour pallier le problème, sans oublier là encore, de donner les moyens aux structures de tourisme sociale et aux collectivités qui font vivre l’accueil de mineurs tout au long de l’année.
Là où il y a une volonté, il y a un chemin : le droit aux vacances est accessible, en se donnant des moyens et en mettant des politiques ambitieuses en place qui favorisent nos vies et non pas les profits de quelques-uns.
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