En 2024, en France, qu’un enfant dorme à la rue est une ignominie. Quel que soit son statut, qu’il possède ou non des papiers. La question ne relève ni de l’idéologie, ni d’une quelconque doctrine politique. Elle renvoie à la notion la plus élémentaire d’humanité, à l'impérieux devoir moral d’une société envers les plus vulnérables.
En octobre dernier, l’Unicef en recensait près de 3 000 dans le pays restés sans solution après un appel de leur famille au numéro d’urgence dédié aux sans-abris. 3 000 enfants dont un quart environ âgés de moins de 3 ans, auxquels s’ajoutent tous ceux dont les parents ne se hasardent même plus à composer le 115. Des gamins qui passent leurs nuits sous une tente, dans une voiture, dehors. Parfois dans une école, lorsque des héros sans cape se refusent à fermer les yeux sur l’inadmissible, quitte à se mettre hors-la-loi. La promesse d’E. Macron de placer la protection de l’enfance au coeur de son second mandat est toujours lettre morte. Comme celle d’un précédent gouvernement de « ne plus avoir aucun enfant à la rue ». Sous les effets combinés de l’inflation, des énormes difficultés d’accès au logement social et d’une insuffisance chronique du nombre de places d’hébergement d’urgence, la situation empire inexorablement.
Le budget consenti par l’État en la matière sera cette année en deçà des sommes mobilisées en 2023, et ce malgré une rallonge décidée in extremis le mois dernier, en pleine vague de froid. On peut aussi redouter le possible retour à l'Assemblée, sur proposition d'un quarteron de la droite sénatoriale, de la suppression du droit à l’hébergement d’urgence pour les étrangers en situation irrégulière, inscrite dans la loi immigration puis censurée par le Conseil constitutionnel. Trois semaines après l’arrivée du nouveau « locataire » de Matignon, les portefeuilles ministériels du logement et de l’enfance attendent toujours d’être attribués. Mauvais signe.
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