En Conseil des ministres, abordant la série de violences et de meurtres de ces dernières semaines, le président de la République a utilisé le terme de « dé-civilisation ». C'est un détournement sémantique et un blanc-seing de plus donné à l’extrême droite.
Qualifier de « dé-civilisation » un chapelet d'agressions, d’actes de banditisme et de délits graves - qu’il faut évidemment condamner - remet de l'eau au moulin des campagnes sur l’insécurité, l’immigration ou le « séparatisme ». Macron retaille une tenue de soirée aux mots d'« ensauvagement » ou de « barbarie » des droites extrêmes. C'est, ni plus, ni moins, la reprise des thèses du graphomane d'extrême droite Charles Maurras et de son Action Française sur la « déchéance civilisationnelle » menaçant la France. Et de Zemmour.
Ainsi faisant, le président canalise volontairement la contestation pour faire accepter les violences sociales, les hausses de prix, les discriminations de toutes sortes, etc. Alors que c'est, au contraire, les régressions sociale, écologique, démocratique ; les coups de sabre contre l’égalité des droits (et des devoirs des riches) qui entaillent notre civilisation. La manoeuvre a été orchestrée avec un minutieux « timing » : juste au moment où la droite des Républicains et Darmanin organisent leur covoiturage pour, de mèche, pouvoir faire loi d'un projet inique sur l’immigration.
Qu’ils sont loin les Norbert Élias, Lucien Sève ou Aimé Césaire dénonçant le fait colonial qui « à n’importe quel moment peut déboucher sur la négation pure et simple de la civilisation » ! Le mot de Macron organise sciemment le détournement des justes colères populaires pour les égarer dans le labyrinthe des pires régressions sociales et ses couloirs de haines. Quitte à élargir le boulevard où avance, au pas de la loi, l’extrême droite.
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