Sur le fronton de la mairie de Troyes est écrit : Liberté, égalité, fraternité ou la mort… La devise révolutionnaire est encore inscrite à Lagny. Certains l’attribuent à Robespierre, mais la formule a été utilisée dès la naissance de la République en 1792 et sous la Commune de Paris qui l’a inscrite officiellement. À Troyes, les élus de droite montrent du doigt le fronton de la mairie où la devise figure et évoquent aussitôt le lynchage du maire Claude Huez en août 1789. Mais ils oublient d’ajouter que la justice bourgeoise qui venait d’accéder au pouvoir avait condamné à mort auparavant l’ouvrier Claude Jobert qui avait manifesté pour avoir du pain. Sitôt pondue la révolte, sitôt le révolté pendu. La bourgeoisie applaudissait en frémissant la prise de la Bastille à Paris, mais à Troyes elle faisait appliquer durement l’ordre nouveau bourgeois.
Les choses ne vont pas l’amble, comme dit le poète. Elles vont même mal à la Société académique qui ne réussit pas à se moderniser par une gestion plus souple et une ouverture aux questions actuelles, ce qui provoque des crises niveau 12 Beaufort. Mais la vieille dame née au 18ème siècle s’en remettra pourvu que les collectivités lui prêtent vie.
Mais c’est pire à la SOMUCO de Romilly qui met la clé sous la porte et licencie tout le monde. On a vu des adhérents pleurer de colère devant ce gâchis. La Somuco, c’était une construction ouvrière née de la coopé l’Union et luttant contre le corporatisme des professions médicales privées qui ont toujours combattu le mutualisme. Faut-il remarquer que la Somuco est née le 4 avril 19221 dans la foulée de la Dépêche ce qui signifie un rapport étroit avec le mouvement revendicatif syndical et politique de l’époque. Ce patrimoine détruit fait deuil au département.
L’Orchestre d’harmonie de Troyes offre chaque année un concert non gratuit (4 €), mais pas du tout amateur. Son chef, Gilles Millière, a pris sa retraite. Il avait propulsé l’harmonie municipale d’origine au rang d’orchestre symphonique, moins les cordes, éliminées dans ce genre de musique par les clarinettes, ce qui donne un ensemble à la fois populaire et en pétulante santé. Gilles est remplacé par Pierre Sacchetti, clarinettiste au brillant palmarès. Sa façon de diriger est un spectacle à lui tout seul. On voit bien que la musique sort directement de ses mains, de ses bras, de ses reins d’où jaillissent rythme et couleur. Ses choix musicaux, eux aussi, bousculent les sempiternels concerts défraîchis de Vienne. La première pièce fut en effet la Danse diabolique de Helmesberger qui épousait tout à fait le style de ce brillant chef d’orchestre.
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