Santé
Par Christophe Prudhomme, dans l'Humanité
Nous manquons aujourd’hui de médecins et si le système ne s’écroule pas complètement, c’est notamment grâce au cumul emploi-retraite de près de 15 000 praticiens.
Dans sa logique libérale des « charges trop lourdes qui handicapent l’emploi », le gouvernement a décidé d’exonérer ces derniers de cotisations de retraite en 2023. Ils représentent près de 10 % des cotisants à la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF). Pour les responsables de ce régime particulier, le manque à gagner pourrait représenter jusqu’à 7,3 % du montant global des cotisations, soit 73 millions d’euros. La perte serait du même ordre pour le système complémentaire, l’allocation supplémentaire vieillesse (ASV). Au total, près de 200 millions de pertes de recettes potentielles, qui impacteront à coup sûr les résultats du régime complémentaire, déjà déficitaire, et du régime ASV tout juste proche de l’équilibre.
La logique libérale d’Emmanuel Macron.
L’analyse des dirigeants de la CARMF est très intéressante : « Il n’est pas certain que ces exonérations entraînent un supplément de médecins en cumul et les cumulants actuels (…) bénéficieraient d’une rente de situation injustifiée. » Encore plus intéressant est la précision qui explique le titre de cette chronique : « Si cette exonération devait être confirmée, elle devrait donner lieu à compensation financière du budget de l’État aux différents régimes concernés (…). À défaut, la CARMF serait dans l’obligation d’annuler la revalorisation du point de retraite complémentaire envisagée au 1er janvier 2023. »
Cet exemple illustre parfaitement la logique libérale qui anime Emmanuel Macron, appuyé par la droite et l’extrême droite. En effet, l’une des propositions de ces derniers est d’augmenter les salaires en diminuant les cotisations sociales. Nous en voyons ici les conséquences directes : moins de cotisations, cela signifie une baisse des pensions.
C’est assez croquignolesque que ce soit ce type de régime de retraite qui appuie nos arguments contre les exonérations de cotisations. Il est important de disposer de contre-exemples de ce type pour montrer que le problème du déséquilibre des régimes est avant tout lié à la diminution de leurs ressources, sciemment organisée depuis des années par le biais des exonérations de cotisations. L’allongement de l’espérance de vie est un faux argument, face à l’augmentation de la productivité qui doit nous permettre de travailler moins longtemps pour bénéficier d’une retraite à taux plein… même si, dans certaines professions particulières, certains font le choix de continuer à travailler, car ils peuvent le faire encore avec plaisir.
© 2024 - La Dépêche de l’Aube
Création : Agence MNKY