Raffinerie
Les importations d’essence et de gasoil ont bondi de 40 % ces 2 dernières semaines pour compenser le déficit de production lié au mouvement social dans les raffineries. Au diable les sanctions européennes ! La réquisition des grévistes n’est pas l’unique levier pour contrecarrer la grève...
Avec la libération, fait rare, d’une partie des stocks stratégiques, la recrudescence des importations d’essence et de gasoil, participe de la stratégie globale en vue de court-circuiter le mouvement pour les hausses de salaires dans les raffineries. En dépit de l’adoption, le 6 octobre, par les 27, d’un 8eme train de sanctions prévoyant, l’interdiction des importations de pétrole russe à partir du 5 décembre, Moscou reste un fournisseur de 1er plan, pour limiter les effets de cette crise sociale. En temps normal, la France, qui consomme 46 millions de tonnes de carburant, dont 75 % de gasoil, importe déjà la moitié de ce gasoil, les produits russes pesant pour 17 % de ces achats.
Ces importations ont bondi de 40 % au cours de la semaine du 2 octobre, selon Vortexa, un cabinet londonien spécialisé dans l’analyse du marché de l’énergie. L’Union française des industries pétrolières (Ufip), estimait mercredi, dans les colonnes des Échos, à 50 % le surplus d’importation de carburant, dont 25 à 30 % pour le gasoil. TotalEnergies, interrogé sur cette recrudescence des importations de carburant, renvoie à l’Ufip et affirme « avoir renoncé depuis le 25 février 2022 à toute opération de trading sur les marchés spot portant sur du pétrole ou des produits pétroliers russes » et assure que l’entreprise « ne conclut et ne renouvelle plus de contrats d’achat de pétrole et de produits pétroliers russes, afin d’arrêter tout achat dans les meilleurs délais ».
« Les capacités de raffinage en France ne suffisent pas à répondre à la demande intérieure. D’où ces importations de produit pétrolier quand les raffineries sont en marche dégradée ou dans les situations de grève comme c’est le cas actuellement », résume de son côté E. Lépine, secrétaire général de la Fédération nationale des industries chimiques CGT, en étrillant « l’incohérence et l’hypocrisie » de cette stratégie dans le contexte d’affichage d’une politique de sanctions européennes contre la Russie. Ces importations, admet-il, sont bel et bien de nature à atténuer les effets de la grève « dans la mesure où les dépôts portuaires ne sont pas encore entrés en grève, à l’exception de celui de Dunkerque ». Mais d’autres sites pourraient suivre dans la foulée des réquisitions de grévistes annoncées par le gouvernement.
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